Les femmes qui se rendent dans les commissariats et les gendarmeries pour des violences restent mal prises en charge, selon des témoignages recueillis par le Groupe F, un mouvement féministe, qui évoquent des refus de plainte, une tentative de banalisation des faits ou de culpabilisation de la victime.

Lancée le 12 mars par le Groupe F et la page « Paye ta police » du réseau social Tumblr, l’enquête a suscité en dix jours plus de 500 témoignages, selon ses initiateurs, qui voient dans la police et la gendarmerie « le maillon indispensable pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles ».

Témoignages récents

Dans neuf cas sur dix, les témoignages de faits plus ou moins récents (70 % datent de moins de cinq ans) font état d’une mauvaise prise en charge, « le fait le plus fréquent étant le refus de prendre une plainte ou le découragement de la victime à porter plainte ». Viennent ensuite « la remise en question de l’importance des faits » et « la culpabilisation des victimes », selon l’enquête.

Parmi les témoignages reçus, celui d’une femme voulant porter plainte pour violences conjugales en 2016 et à qui il a été répondu : « Ce n’est pas grand-chose, pensez à vos enfants. » Ou encore celui d’une jeune femme venue déposer plainte pour viol, en 2016. « Le policier lui a répondu que ce n’était pas un viol car elle avait invité l’agresseur chez elle », rapporte son amie qui l’accompagnait.

« Ces comportements, nombreux, ont pour conséquence de décourager les victimes, parfois d’ajouter à la maltraitance déjà subie. Ces dysfonctionnements découragent les victimes d’aller porter plainte et envoient un message d’impunité aux agresseurs », estiment les auteurs de l’enquête, ajoutant « avoir reçu des témoignages montrant qu’une bonne prise en charge, bienveillante, sans jugement, est possible ».

Depuis plusieurs années, des dispositifs ont été mis en place pour améliorer la prise en charge des femmes par les forces de l’ordre. Une sensibilisation renouvelée après l’affaire Weinstein, qui a libéré la parole des femmes victimes d’abus.

Selon les statistiques du ministère de l’intérieur, les plaintes pour viols et agressions sexuelles ont augmenté respectivement 12 % et 10 % en 2017 par rapport à 2016.