Après les deux premiers jours de grève cheminote contre la réforme de la SNCF, les 3 et 4 avril, la reprise du trafic se fera progressivement dans la matinée du jeudi 5 avril. La compagnie ferroviaire prévoit d’ailleurs une circulation légèrement dégradée dans l’ensemble pour la journée de reprise, avec trois TER et Transilien sur quatre et trois Intercités sur cinq. Et si la SNCF prévoit un trafic TGV quasi normal, seuls deux Ouigo sur cinq rouleront le 5 avril.

Cette situation est due, en partie, au fait que l’un des quatre syndicats représentatifs à la SNCF – Sud Rail – a déposé un préavis qui peut aller au-delà du 4 avril si la grève est reconduite par les assemblées générales de cheminots. De plus, la grève du 4 avril ne s’arrête définitivement qu’à la fin du service des équipes de l’après-midi, soit le lendemain à 8 heures.

Une mécanique réglée comme une horloge

Mais la cause principale de ces perturbations est, en fait, l’organisation de la circulation des trains elle-même. En effet, en quittant une situation de grève pour revenir à une situation normale, on passe du plan de transport d’urgence mis en place en fonction du nombre de grévistes au plan de transport normal établi au début de l’année. Cette vaste mécanique réglée comme une horloge consiste à faire circuler 15 000 trains chaque jour. C’est dire combien ce retour à l’habituel est une opération délicate.

Après un mouvement social, les rames, les trains, les locomotives, les wagons de fret ne se trouvent pas toujours à la place prévue par le plan de transport. De même, les contrôleurs et les conducteurs ne sont pas forcément dans la bonne gare. Un gros travail de remise en ordre est donc à réaliser avant la reprise des circulations.

Par exemple, si une rame TGV qui doit assurer une liaison Paris-Lyon se trouve à Marseille, il faut la ramener à son point de départ, opération qui mobilise un conducteur et un contrôleur qui doivent donc être, eux-mêmes, acheminés à Marseille pour effectuer ce transfert.

Le « stop and go » désorganise la production

Par ailleurs, les mesures de sécurité ralentissent la reprise. Quand un train n’a pas roulé pendant deux jours, il doit impérativement repasser par le centre de maintenance pour s’assurer de son bon fonctionnement. Même logique en ce qui concerne les voies, qui doivent être inspectées et parcourues par un train-balai roulant à petite vitesse si elles n’ont pas été empruntées pendant une période trop longue.

La grève en pointillés associée à ce long et complexe processus de retour à la normale inquiète particulièrement la direction de la SNCF. Elle craint que la répétition des « stop and go » ne désorganise totalement la production, en particulier dans les centres techniques où s’effectue la maintenance. Et ce jusqu’à la thrombose.

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