Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, à Chicago, le 21 juin 2017. / Nam Y. Huh / AP

Conscient de n’avoir pas encore convaincu du désir de Facebook de se racheter après le scandale créé par Cambridge Analytica, la société qui s’est indûment servi des données des utilisateurs du premier réseau social mondial et aurait ainsi pu influencer l’élection de Donald Trump, Mark Zuckerberg s’est livré à un nouvel acte de contrition. Le fondateur Facebook, qui avait déjà accordé quatre entretiens explicatifs à des médias américains sélectionnés, s’est justifié pendant une heure mercredi 4 avril, lors d’une conférence téléphonique avec la presse mondiale. « Jusque-là, nous ne voyions que les effets positifs de nos outils. Mais, ce n’est pas assez de connecter les gens. Nous n’avons pas suffisamment réfléchi à la manière d’éviter les abus. C’était mon erreur », a lancé Mark Zuckerberg, répétant à de nombreuses reprises que Facebook devait « élargir ses vues en matière de responsabilité ».

Mark Zuckerberg est-il toujours légitime à la tête de l’entreprise, lui ont demandé les journalistes ? « Oui, je suis la bonne personne. La vie, c’est d’apprendre de ses erreurs. Quand on construit une entreprise comme Facebook, il y a des choses qu’on rate, personne n’est parfait », a tenté de justifier le milliardaire, assurant que le conseil d’administration n’avait pas abordé la question de sa démission.

La question se pose d’autant plus que le scandale est bien plus large qu’attendu. Au bas d’un post de blog signé par Mike Schroepfer, le directeur technique de Facebook, publié mercredi, le réseau social a avoué qu’au final, ce sont quelque 87 millions de comptes, dont les informations ont été aspirées par Cambridge Analytica. Et non 50 millions comme évoqué jusque-là.

De nouvelles mesures de restrictions de l’accès aux données

Pourquoi avoir tu une information aussi capitale ? « Nous voulions avoir une connaissance complète de ce qui s’était passé », s’est justifié Mark Zuckerberg. Même la France, où 210 000 personnes ont pu être concernées, selon une source proche de l’entreprise, n’échappe pas totalement au scandale.

Désireux de montrer patte blanche, Facebook a également détaillé de nouvelles mesures de restrictions de l’accès aux données par les développeurs d’applications tierces. Il a aussi annoncé qu’il ne serait désormais plus possible de rechercher un utilisateur à partir de son numéro de téléphone ou de son e-mail. « Des acteurs malveillants ont abusé de cette fonctionnalité pour aspirer des informations de profils publics », a expliqué Mike Schroepfer. « La plupart des utilisateurs ont pu voir leur profil public aspiré de cette manière », a poursuivi le dirigeant. Quelque 2,1 milliards de personnes sont inscrites sur Facebook selon le réseau social.

Ces restrictions n’auront pas de conséquences sur les affaires. « Le business sera meilleur si nous servons mieux les utilisateurs », a voulu rassurer Mark Zuckerberg. Depuis le 16 mars, le titre a perdu 16 %.