DMITRI LOVETSKY / AP

La carrière de Jean-Kévin Augustin est-elle enfin lancée ? Si l’atterrissage en Allemagne de l’attaquant français a connu quelques turbulences, comme après tout transfert impliquant un jeune joueur et beaucoup de millions d’euros, celui qui est annoncé de longue date comme un buteur prometteur semble avoir trouvé son rythme au RasenBallsport Leipzig.

Les attentes du club de Bundesliga, qui reçoit l’Olympique de Marseille en quart de finale aller de la Ligue Europa (21 h 5, en direct sur Le Monde.fr), étaient grandes. A la fois en raison de son prix d’achat (14 millions d’euros plus 2 millions de bonus) et du nom de son club formateur, le Paris-Saint-Germain. Les Allemands espéraient peut-être qu’à force de le côtoyer, Cavani et Ibrahimovic auraient déteint sur l’homme aux trois prénoms.

Après un début de saison correct – 4 buts lors de ses deux premiers mois sur les terrains allemands, soit 1 but toutes les 119 minutes – son rendement s’est effondré à l’automne. Une série de 486 minutes sans but marqué lui a valu quelques critiques en interne et une relégation sur le banc.

Les qualités naturelles du Français, notamment une vitesse folle qui lui donne un avantage sur les appels en profondeur, ne suffisent pas. Il perd peu à peu sa place aux côtés de l’international allemand Timo Werner à la pointe de l’attaque de Leipzig, au profit du Danois Yussuf Poulsen. Ses coupes de cheveux couleur fluo attirent davantage l’attention des médias que ses performances sur le terrain.

« Il y a certaines choses qu’il ne comprend toujours pas »

A la pause hivernale, le directeur sportif, Ralf Rangnick, et l’entraîneur, Ralph Hasenhüttl, lui font comprendre, en interne et publiquement, que ce trou d’air n’est pas acceptable. « C’est un joueur au potentiel énorme, mais il y a certaines choses qu’il ne comprend toujours pas », dit par exemple Rangnick, louant « son potentiel énorme » mais mettant en cause « la mentalité » d’un joueur qui ne se donne pas assez au collectif. « Globalement, c’est un joueur complet. Mais je m’attendais à un peu plus de lui. Parfois il est trop imprudent », ajoute Hasenhüttl.

Le coup de pression a visiblement fonctionné. Depuis son passage à vide, Augustin a retrouvé du temps de jeu, marquant à quatre reprises pour des statistiques tout à fait respectables à ce stade de la saison 2017-2018 : 30 matchs, dont 18 comme titulaires, et 8 buts. Surtout, il semble avoir pris conscience de la nonchalance qu’il pouvait exhiber sur le terrain, qui lui avait déjà été reprochée au PSG. « Je sais maintenant que le talent seul ne suffit pas », a-t-il récemment dit au magazine allemand Bild. A propos de ces longs mois sans marquer, il reconnaît qu’il y a eu « un problème d’adaptation ».

« C’était de ma faute (…) Nous avons discuté avec l’entraîneur et le directeur sportif. Ils m’ont dit ce qu’ils attendaient de moi et comment je devais m’améliorer. J’ai pris cela à cœur et suivi leurs conseils. Maintenant, je suis prêt à aider l’équipe. »

Retour chez les Espoirs

Aujourd’hui, le RB Leipzig est 4e du classement de Bundesliga, deux points derrière le Borussia Dortmund et juste devant le Bayer Leverkusen et Francfort. Il peut se targuer d’avoir repoussé l’inévitable titre du Bayern Munich en les battant (2-1, le 18 mars), devenant la troisième équipe tombeur du leadeur en championnat cette saison avec le Borussia Mönchengladbach et Hoffenheim.

Le RB Leipzig, par ailleurs troisième de sa poule de Ligue des champions devant l’AS Monaco, confirme ainsi sa 2e place en championnat la saison dernière pour sa première apparition dans l’élite du football allemand.

Comment essayer de remettre de l’eau dans la bouteille. / THOMAS KIENZLE / AFP

Ce n’est pas un hasard si la remise en question du Français coïncide aussi avec une embellie internationale et un retour en équipe de France Espoirs. Il en avait été exclu, en septembre, à la suite d’une altercation avec l’entraîneur Sylvain Ripoll à la mi-temps d’un match amical contre le Chili (1-1). L’engueulade avait été suffisamment forte pour le maintenir écarté des Bleuets jusqu’en mars. Pour son retour, le champion d’Europe des moins de 19 ans en 2006 a marqué à la fois contre le Kazakhstan (3-0) et le Monténégro (2-0), ses premiers buts chez les Bleuets depuis le 1er juin 2017.

Lorsqu’il jouait sous les couleurs parisiennes, Jean-Kévin Augustin n’avait jamais eu l’occasion de jouer contre l’Olympique de Marseille : trop de temps passé sur le banc, raison invoquée pour rejoindre Leipzig. Le quart de finale aller de Ligue Europa sera l’occasion, pour lui, de donner tort à ses anciens dirigeants et de faire sourire les supporteurs de son club formateur.