Mark Twitchell tel qu’il se représente sur sa page Facebook. / FACEBOOK

Il dédicace son livre d’un « Avec mes amitiés les plus “sanglantes” ». Stéphane Bourgoin, qui a interrogé et filmé en prison plus de soixante-dix tueurs en série à ce jour, publie chez Ring, L’Homme qui rêvait d’être Dexter. Sous-titre : Les terribles confessions du réalisateur d’un « Star Wars » devenu serial killer.

L’ouvrage révèle notamment le stupéfiant journal intime, jusqu’ici inédit, dans lequel un serial killer canadien, Mark Twitchell, a rapporté ses fantasmes, sa vie quotidienne, ses réflexions et décrit ses crimes dans le détail. Ce dernier avait créé son compte Facebook au nom de « Dexter Morgan », anti-héros de la série télévisée américaine Dexter (2006-2013). Condamné à la prison à vie en 2011, Mark Twitchell purge sa peine au pénitencier de la Saskatchewan (Canada).

Alors que le Dexter Morgan sériel était un expert en médecine légale le jour et tueur en série la nuit – éliminant des criminels que la justice n’avait pu mettre en cause –, Mark Twitchell se voulait réalisateur de grands films à succès le jour et tueur en série la nuit. Un désir qui l’avait conduit à tourner, en 2007, un ersatz de « Star Wars » : film de fan dont il avait coécrit le scénario – et dont il n’aura d’ailleurs jamais le temps de terminer le montage.

Cinéaste de jour, tueur la nuit

C’est ainsi que commence à prendre forme, en 2008, sa double activité. Entre août et septembre 2008, ayant « un mois à tuer », Twitchell part à la recherche d’un acteur pour tourner « un court-métrage thriller avec le titre de House of Cards », explique-t-il à des amis. Le scénario ? « L’histoire d’un serial killer qui prend son pied à assassiner des personnes qui ont quelque chose à se reprocher. » Il s’agira d’interpréter « un sociopathe inquiétant, calme, froid et tranquille ». Plus précisément, un tueur en série « à la Dexter » qui attirera des inconnus dans un garage isolé et tapissé de bâches en plastique afin de les assassiner et de les démembrer pour mieux s’en débarrasser. Deux semaines après avoir tourné son thriller, le réalisateur passe à l’acte, reproduisant à l’identique les agissements de son « héros ».

Dans le même temps, Twitchell rédige sur son ordinateur deux textes – « Profile of a Psychopath » (sept pages) et « SKConfessions » (quarante-deux pages) – que les enquêteurs ont confié à Stéphane Bourgoin. Le premier texte est une auto-analyse : « Ceci n’est pas un diagnostic clinique, l’étude d’un cas ou une analyse en profondeur, indique-t-il en préambule. C’est pour moi un moyen virtuel de ce que je pense être une évaluation pour mieux me comprendre. » Le second texte, tout aussi clair dans ses intentions et rédigé comme un scénario, commence ainsi : « Mon récit est basé sur des faits réels. (…) Ceci est l’histoire de ma progression pour devenir un serial killer. Comme tout le monde qui s’embarque dans un nouveau domaine, j’ai connu quelques mésaventures et commis quelques erreurs à mes débuts. Laissez-moi vous raconter comment j’ai commencé, et je pense que vous comprendrez ce que je cherche à vous expliquer. »

Aujourd’hui, Mark Twitchell cherche à récupérer les droits de ses films, pour finir de les monter dans l’espoir de les rendre publics. Et « sévit » sur Internet où, par un intermédiaire, il a fait passer une petite annonce afin de trouver une compagne. Des réponses lui sont d’ores et déjà parvenues.