Depuis 2007, les consommateurs peuvent choisir leur fournisseur d’électricité : EDF est désormais concurrencé par plus d’une dizaine d’entreprises, d’Engie à Total en passant par Direct Energie. Et si le groupe historique perd 100 000 clients par mois, il conserve la part du lion : plus de 80 % des ménages sont toujours ses clients.

Une situation régulièrement dénoncée par les associations de consommateurs. A leurs yeux, l’ouverture à la concurrence est biaisée et ne profiterait pas suffisamment aux clients.

Mais c’est à un autre aspect du marché de l’électricité que s’attaque, jeudi 5 avril, l’UFC-Que choisir : la production d’électricité, qui reste, elle, assurée en très grande partie par EDF.

Sous-utilisation des centrales nucléaires

L’association de consommateurs accuse l’électricien de volontairement sous-utiliser ses centrales nucléaires depuis 2012 pour influencer les prix du marché de l’électricité. Facture pour les consommateurs, selon Que Choisir : 2,4 milliards d’euros entre 2012 et 2016, soit 15 euros par an en moyenne par foyer client d’EDF.

Concrètement, quand la demande d’électricité est très forte, les prix du marché de gros sont élevés, et les centrales nucléaires disponibles tournent à plein régime. Mais quand les prix commencent à baisser, EDF lève le pied et réduit la production de ses centrales, assure l’association. Résultat : d’autres moyens de production, comme les centrales à gaz, l’hydraulique, ou le charbon, sont mobilisés. Or ils sont bien plus chers, ce qui conduit à faire remonter les prix du marché.

« EDF fait la loi en toute impunité : le groupe a une gestion de sa capacité de production qui lui est complètement favorable et qui se traduit de manière défavorable sur les consommateurs », déplore Alain Bazot, le président de l’UFC-Que Choisir, qui constate que d’autres pays européens disposant de centrales nucléaires n’agissent pas de la même manière.

Démenti d’EDF

« Ce qu’on demande c’est que lorsque EDF décide de moins produire, il soit contraint de justifier que c’est lié au prix du marché. Il ne faut pas arrêter de produire quand il pourrait encore vendre à un prix compétitif », ajoute M. Bazot, pour qui il s’agit là d’une concurrence « sclérosée ». L’association de consommateurs appelle donc à une plus grande régulation.

Malgré cette pratique, le prix de l’électricité en France reste bien inférieur à celui payé par les consommateurs allemands par exemple. « Mais on ne peut pas s’en satisfaire », estime Alain Bazot. « Il n’y a rien qui justifie qu’EDF vienne priver le consommateur d’un juste prix uniquement parce qu’il veut faire ses affaires et jouer au yo-yo ».

Des accusations qui surprennent chez EDF, où l’on rappelle que le marché est contrôlé par la Commission de régulation de l’énergie de façon très précise.

« EDF optimise à tout moment son parc de production d’électricité », rappelle le groupe, qui précise qu’une partie très importante de sa production est achetée en amont par des contrats de moyen terme. L’utilisation du parc nucléaire se fait en fonction de la demande, pas en fonction d’une volonté d’agir sur les prix, explique-t-on en interne.

« EDF agit sous l’étroite surveillance du régulateur de l’énergie, la Commission de régulation de l’énergie, qui publie chaque année son rapport sur le fonctionnement du marché de gros de l’électricité, du CO2 et du gaz naturel », assure le groupe.