Vue d’ensemble de l’exposition de Daniel Pommereulle (Estate), « Je traverse et nous restons… » à la galerie Christophe Gaillard. / COURTESY GALERIE CHRISTOPHE GAILLARD

Daniel Pommereulle (1937-2003) a été un des artistes les plus intenses de la fin du XXe siècle en France. Tout lui était bon pour créer le malaise. Pour obtenir ses Objets de prémonition, dans les années 1970, il plantait poignards, scalpels et crochets barbelés dans des formes de plomb plié ou tressé ou dans des pots de peinture aux flancs plus transpercés de pointes que saint Sébastien lui-même. Dans les décennies suivantes, il a trouvé dans le verre de couleur son matériau de prédilection, en plaques et en blocs, écornés ou fracturés, avec structures de métal et parfois du marbre.

Ces sculptures, absolument ­singulières en leur temps et aujourd’hui encore, étaient ­précédées d’études au fusain et accompagnées d’œuvres sur papier d’une trompeuse douceur, la série Flüchtig (1998-2001) particulièrement. Pommereulle y fait naître une tension entre des ­couleurs charmeuses et des formes organiques ou ­minérales qui n’ont rien de tendre ni de caressant. Ce jeu de contradictions n’a guère été compris par la critique et les­­ ­amateurs du vivant de l’artiste. Le courant s’est enfin inversé, et le nom de Pommereulle recommence à circuler. L’exposition actuelle, grande et diverse, est une contribution majeure à cette ­réévaluation.

Simultanément, dans son petit espace, la galerie présente quelques photomontages du surréaliste­ ­Pierre ­Molinier (1900-1976), scabreux et drôles à la fois.

« Je traverse, et nous restons… », par Daniel Pommereulle (Estate), galerie Christophe Gaillard, 5, rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 01-42-78-49-16. Du mardi au samedi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 28 avril.