Jean-Luc Mélenchon, le 3 avril. / - / AFP

« Servir le peuple ». Le leitmotiv de Mao Zedong résume l’état d’esprit dans lequel Jean-Luc Mélenchon veut placer La France insoumise (LFI) dans le mouvement social autour de la réforme de la SNCF. « Il n’y a pas d’action souterraine de La France insoumise, tout est public. On se met au service des organisations et de la façon dont elles s’organisent », a expliqué M. Mélenchon en introduction de la première assemblée représentative de LFI.

Cette sorte de parlement du mouvement, dont 60 % (150 membres sur 250) sont tirés au sort, était réuni, samedi 7 avril à La Chesnaie-du-Roy, au cœur du bois de Vincennes. Il devait aborder la question du mouvement social. L’après-midi, un débat stratégique sur les élections devait se tenir, cette fois, à huis clos. Ironie du calendrier, ce rendez-vous se tient le même jour que le congrès du Parti socialiste, ancienne formation de Jean-Luc Mélenchon.

Messianisme

Jean-Luc Mélenchon a profité de son propos liminaire pour faire un bilan de la situation politique du pays. Une grande partie a donc été consacrée au mouvement social. L’ancien candidat à la présidentielle a reconnu que les circonstances actuelles étaient différentes de la rentrée de septembre, où LFI avait été « obligée » de lancer seule sa marche du 23 septembre. « Aujourd’hui, les syndicats veulent élargir leur base, ils ont raison. Il faut respecter la forme particulière de cette énergie. C’est notre tâche prioritaire », a-t-il martelé.

Pour lui, il faut écouter les masses et s’adapter à leurs désirs, car elles seules détiennent la vérité. Une sorte de messianisme du peuple, donc, où l’outil politique doit devenir un simple instrument de luttes. « Le peuple français a une chance : nous avoir. (…) Nous sommes quelque chose de précieux », a-t-il déclaré, sans fausse modestie.

Il le jure : La France insoumise ne fait qu’offrir ses compétences au mouvement. La manifestation du 14 avril à Marseille ? Pas sa décision, mais celle de la CGT locale, et d’autres syndicats et associations. La marche du 5 mai, initiée par François Ruffin ? « On ne se l’approprie pas », assure M. Mélenchon.

« Front du peuple »

Il en a aussi profité pour critiquer « la gauche selfie », qui, à ses yeux, serait représentée par Olivier Besancenot (NPA), Pierre Laurent (secrétaire national du PCF) et Benoît Hamon (Génération·s) et leurs voyages en train fortement médiatisés. « L’unité comme prétexte à effacer les idées, c’est non », a-t-il lancé. Pourtant, jeudi dernier, Eric Coquerel et François Ruffin, tous deux députés LFI, étaient présents.

Et d’ajouter, à propos de la marche marseillaise du 14 avril : « J’espère qu’Olivier Besancenot et Benoît Hamon seront là, car leurs organisations locales appellent à manifester. Ce serait dommage qu’il ne manque que les chefs. »

Cette manifestation doit être le prélude à un « Front du peuple » que l’ancien sénateur socialiste appelle de ses vœux. « C’est un Mai 68 perlé. On espère qu’il s’élargira. Cela ne me déplairait pas, un nouveau 68… Ça remettrait la question sociale au centre », a-t-il ajouté.

Dans la lutte contre le gouvernement, M. Mélenchon a également fait la liste de ses « ennemis », dont « le parti médiatique » serait la pointe avancée. Selon lui, il « n’a pas vu de militants Les Républicains, Front national ou La République en marche » distribuer des tracts donnant des arguments contre les grévistes. Ce sont les médias qui les donnent, assure-t-il.

Les « insoumis » estiment que la bataille du rail est décisive. Si le mouvement l’emporte contre le gouvernement, ce sera le terreau idéal pour faire des élections européennes de mai 2019 un référendum pour ou contre l’Europe libérale qui est, selon eux, incarnée par Emmanuel Macron.

« On peut être l’étincelle qui met le feu à la plaine », a conclu M. Mélenchon, reprenant un slogan… de Mao Zedong.