Le ministre israélien de la défense Avigdor Lieberman le 12 mars 2018. / RONEN ZVULUN / REUTERS

Le ministre de la défense israélien, Avigdor Lieberman, a affirmé dimanche 8 avril qu’il « n’y a pas d’innocents » dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne a tué dix Palestiniens et blessé plus de 400 personnes lors de manifestations vendredi 6 avril près de la frontière entre Gaza et Israël. Le vendredi précédent, le 30 mars, dix-huit Palestiniens avaient été tués et près de 750 autres blessés par balle.

Des milliers de Palestiniens ont pris part, ces deux derniers vendredi, à des manifestations le long de la frontière. Ils demandent le retour des réfugiés sur les terres d’où ils ont été chassés ou qu’ils ont dû fuir en 1948, lors de la création de l’Etat hébreu et réclament également la fin du blocus de Gaza par Israël. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou accuse le Hamas d’être derrière ce mouvement de protestation.

« Il n’y a pas d’innocents dans la bande de Gaza. Tout le monde est connecté au Hamas », le mouvement islamiste qui contrôle ce territoire enclavé entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, a affirmé le ministre sur la radio publique israélienne. « Tout le monde reçoit un salaire du Hamas et tous les militants qui essaient de nous défier et de franchir la frontière sont des militants de la branche armée du Hamas », a encore accusé le ministre. Comme l’écrivait vendredi notre correspondant Piotr Smolar, « la majorité des commentateurs israéliens présentent une vision monochrome des manifestants : ils sont manipulés par le Hamas ». Les déclarations du ministre israélien Avigdor Lieberman, ultranationaliste, vont aussi dans ce sens.

Trente morts palestiniens depuis le 30 mars

Cette prise de parole a lieu alors qu’Israël fait face à de vives critiques des organisations de défense des droits de l’homme, y compris israéliennes, pour son utilisation de balles réelles contre les manifestants de la « marche du retour » organisée par les Palestiniens. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a par ailleurs condamné samedi 7 avril « les tirs délibérés de l’armée israélienne contre des journalistes », après la mort d’un journaliste palestinien, le photo reporter Yasser Mourtaja, blessé vendredi par des tirs de soldats israéliens en marge d’affrontements près de la frontière entre la bande de Gaza et Israël.

Après la journée du 30 mars lors de laquelle vingt Palestiniens avaient été tués, l’Union européenne et l’ONU avaient demandé l’ouverture d’une enquête indépendante. Le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman, avait alors qualifié ces requêtes d’« hypocrites ». L’Union européenne s’est de nouveau interrogée dimanche sur l’usage proportionné ou non de la violence par Israël face à ces manifestations.

Aussi, le Koweït, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), avait demandé vendredi 6 avril à cette instance d’adopter une déclaration appelant à la retenue à Gaza et une enquête indépendante sur les affrontements israélo-palestiniens, une semaine après une vaine tentative dans le même sens. Sans surprise, Washington s’était à nouveau opposé à une saisie du Conseil de sécurité.

Au total, en incluant deux Palestiniens tués au cours de heurts distincts, le bilan des Palestiniens tués depuis le 30 mars est de trente, selon le ministère de la santé de Gaza. Il n’y a eu aucune victime côté israélien. Israël affirme que ses soldats ont ouvert le feu seulement par nécessité contre des protestataires tentant de s’infiltrer sur son territoire et pour empêcher des attaques.

« Les règles d’engagement restent les mêmes, la mission aussi », assure le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, le porte-parole des forces armées. Il précise que les balles réelles ne sont utilisées qu’« en dernier ressort, quand l’émeutier essaie d’endommager les infrastructures de sécurité et de pénétrer en Israël ». Un principe nullement respecté le 30 mars, comme Le Monde avait pu alors le constater, cette fois-là du côté palestinien.

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