Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques de France, lundi soir au Collège des bernardins. / Ludovic Marin / AP

Le discours d’Emmanuel Macron, lundi soir 9 avril, devant la Conférence des évêques de France, n’en finit pas de faire des vagues. Après les critiques venues surtout de la gauche de la définition par le chef de l’Etat de la laïcité, des associations de défense des droits des homosexuel·le·s ont dénoncé mardi la « maladresse » voire le caractère « choquant » des propos du président de la République.

En cause notamment, sa référence aux « familles homosexuelles ». Dans son discours, Emmanuel Macron a salué « les associations catholiques et les prêtres » qui « accompagnent des familles monoparentales, des familles divorcées, des familles homosexuelles ».

« On ne parle pas de la sexualité d’une famille », a réagi Catherine Michaud, présidente de GayLib, rappelant que l’expression consacrée est « famille homoparentale et pas homosexuelle ». « Ce distinguo est terrifiant et inacceptable », a-t-elle déploré auprès de l’AFP. Pour le président de SOS Homophobie, Joël Deumier, le président de la République a commis une « maladresse » en évoquant « les familles homosexuelles ».

Par ailleurs, la bienveillance du chef de l’Etat envers les instances catholiques a choqué ces associations. « J’aimerais qu’on m’explique à quel moment en France l’Eglise accompagne les familles homoparentales », explique Catherine Michaud, en rappelant que certains évêques avaient au contraire publiquement pris position, lors du précédent quinquennat, « contre le mariage pour tous » ou pour l’organisation de « thérapies de conversion pour les homosexuels ». « L’Eglise n’aide pas et n’accompagne ces familles [homoparentales] mais s’oppose à leur reconnaissance et à leur protection par la loi », ajoute Joël Deumier.

L’extension de la PMA en question

Les associations de défense des droits des homosexuel·le·s espèrent toujours que le gouvernement étendra le droit à la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et femmes seules, à l’issue des états généraux de la bioéthique qui se déroulent jusque fin avril. « La promesse du président de la République était d’ouvrir la PMA à toutes les femmes, sous couvert d’un avis favorable du CCNE [Comité consultatif national éthique] obtenu en juin 2017 », rappelle Catherine Michaud.

Les paroles d’Emmanuel Macron, lundi soir, ne les rassurent pas sur ce point. « [Il] n’a pas apporté de réponse sur les questions relatives à la PMA, à la création d’un statut de beau-parent ou la protection des familles homoparentales », regrette le président de SOS Homophobie, qui considère qu’« il aurait pu faire passer des messages plus favorables à l’égalité des droits ». « Que le président parle avec les religions est très bien, il doit parler avec tout le monde », conclut Catherine Michaud, mais « dans ce régime laïc, les réformes ne doivent pas être contraintes par le religieux ».

Pour Emmanuel Macron, « le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé » 
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