Jean-Luc Mélenchon, en juin 2017, à Marseille. / Claude Paris / AP

Jean-Luc Mélenchon le dit sans ambages : le président de la République « a franchi la ligne rouge », lundi 9 avril, lors de son discours devant les évêques de France. Emmanuel Macron y a notamment déclaré :

« Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé et qu’il importe, à vous comme à moi, de le réparer. »

« Ce discours est inacceptable et choquant. Même Nicolas Sarkozy n’est pas allé aussi loin. Le lien [entre l’Eglise et l’Etat] n’est pas abîmé, il a été rompu. C’est l’essence même de la loi de 1905 », a estimé le leader de La France insoumise (LFI) devant quelques journalistes avec qui il a échangé dans son bureau à l’Assemblée nationale, mardi soir. Il ajoute que « le président de la République n’est pas une autorité spirituelle. C’est un mélange des genres mortel. On n’a pas à convoquer les croyants en leurs qualités de fidèles d’une religion. Ce pays ne lui appartient pas. C’est d’une outrecuidance totale, inouïe. »

M. Mélenchon, qui a depuis longtemps fait de la laïcité l’un de ses combats, craint que l’objectif du chef de l’Etat soit une révision de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat ou d’un élargissement du concordat d’Alsace-Moselle. Un régime dont LFI souhaite l’abolition.

« Tout le monde est le bienvenu », y compris M. Valls

Pour le député des Bouches-du-Rhône, la sortie de M. Macron s’explique par sa volonté de devenir le leader de la droite française :

« Il a fait un choix. Il sait que la droite ne peut pas être que les start-up et les fonds de pension. Il cherche à élargir sa base idéologique et multiplie les signes au vieux fond réac' du pays. »

Face à ces « atteintes à la laïcité », Jean-Luc Mélenchon souhaiterait contacter d’autres personnalités politiques pour bâtir une réaction commune. Cela pourrait même aller au-delà de la gauche, avec, par exemple, François Bayrou, voire même avec… Manuel Valls, avec qui il entretient pourtant de très mauvaises relations. « Tout le monde est le bienvenu si c’est pour taper sur le bon clou », résume-t-il.

L’ancien premier ministre veut, en effet, être très offensif sur la défense de la laïcité. Les sorties d’Emmanuel Macron peuvent lui ouvrir un espace politique idéal pour exister, alors même qu’il semble isolé dans l’hémicycle. Il a d’ailleurs très vite réagi après le discours de président de la République, en écrivant sur Twitter : « La laïcité, c’est la France, et elle n’a qu’un seul fondement : la loi de 1905, celle de la séparation des Eglises et de l’Etat. La loi de 1905, toute la loi, rien que la loi. »