Les projets d’embauche dans le secteur privé bénéficient d’une dynamique inédite : en 2018, ils atteignent 2,35 millions, soit un bond spectaculaire de 18,7 % par rapport à 2017, selon l’enquête sur les besoins de main-d’œuvre (BMO) diffusée, mardi 10 avril, par Pôle emploi. Du jamais-vu depuis le lancement en 2002 de cette étude annuelle – celle publiée aujourd’hui reposant sur le traitement de quelque 436 600 réponses recueillies auprès des entreprises. Ces données constituent une confirmation supplémentaire de la vigueur du marché du travail, qui semble ne pas s’infléchir en dépit de prévisions de croissance légèrement moins bonnes pour la période à venir que l’année dernière.

« Surcroît d’activité ponctuel »

L’évolution constatée par Pôle emploi résulte de la progression assez nette de la part des employeurs qui veulent étoffer leurs effectifs : 25,9 % cette année (+ 3,5 points en douze mois). C’est dans le monde de la construction que les intentions de recrutement enregistrent la plus forte augmentation (+ 37 %). Vient ensuite l’industrie (+ 27,4 %), qui est tirée par deux locomotives : « Les fabricants de matériel de transport et la métallurgie », détaille Stéphane Ducatez, directeur des statistiques de Pôle emploi. Principal motif mis en avant par les patrons, quel que soit le secteur : faire face à un « surcroît d’activité ponctuel ».

Pour autant, les projets d’embauche en contrat à durée indéterminée (CDI) ou en contrat à durée déterminée (CDD) d’au moins six mois s’accroissent de façon significative : ils représentent près de 64 % du total, en hausse de 6,4 points par rapport à 2017. Désormais, le CDI occupe « la première place parmi les intentions de recrutement » avec 41,7 %, contre 36,1 % pour les contrats de moins de six mois.

Les métiers les plus demandés en 2018 se situent dans l’agriculture : arboriculteurs salariés, cueilleurs, viticulteurs (avec près de 129 000 projets d’embauche). Les « agents d’entretien de locaux » représentent le deuxième gisement d’emplois, devant les serveurs de café-restaurants.

Plus nombreux à rechercher de la main-d’œuvre, les patrons sont également plus nombreux à anticiper des difficultés pour pourvoir les postes qu’ils offrent : « 44,4 % des projets seraient concernés en 2018 », relève l’étude de Pôle emploi, soit presque sept points de plus en un an. Les professionnels de la construction paraissent particulièrement touchés par le phénomène, un peu plus de 61 % d’entre eux affirmant redouter de tels problèmes. L’industrie y est, elle aussi, confrontée. Ce sont d’ailleurs des professions de ces deux secteurs qui affichent « le pourcentage de projets de recrutement jugés difficiles » le plus important : près de 80 % pour les couvreurs et couvreurs-zingueurs qualifiés ; un peu plus de 78 % pour les chaudronniers, tôliers, métalliers, etc.

Les employeurs, qui s’attendent à de telles situations, avancent le plus souvent deux explications : la pénurie de candidatures et l’inadéquation des personnes au profil convoité. Mais ils reconnaissent aussi, dans un cas sur deux, que les conditions de travail peuvent jouer un rôle. De telles tensions doivent cependant être relativisées, souligne M. Ducatez, car « la plupart du temps, les postes sont pourvus », au final : les abandons de recrutement, sur une année, ont été estimés dans une fourchette comprise entre 200 000 et 330 000, pour environ « 8 millions d’embauches en contrat de plus d’un mois ».