Manifestation d’agriculteurs, le 12 février, vers Levet dans le Cher. / GUILLAUME SOUVANT / AFP

La France est une terre de tracteurs. Pourtant, les ventes des rutilants véhicules agricoles sont restées au point mort en 2017. Selon Axema, l’union des industriels de l’agroéquipement, le nombre d’immatriculations a atteint 22 570. Soit un niveau quasi-équivalent à celui de l’année précédente, mais en retrait de près d’un tiers par rapport au sommet atteint en 2014. « On se retrouve à des niveaux de 2010 », affirme Elodie Dessart, à la tête du pôle économie d’Axema.

La situation des céréaliers n’est pas étrangère à cette rétrogradation. La mauvaise récolte de 2016, en quantité et en qualité, a dû calmer quelques ardeurs d’investissement. D’ailleurs les ventes de moissoneuses-batteuses ont plongé de 30 % en 2017. Mais d’autres secteurs agricoles comme les éleveurs laitiers ou bovins ont aussi fait grise mine. Au point, que le revenu moyen tiré par un exploitant agricole de cette activité a chuté de 29 % en 2016 à 18 300 euros.

Fin de la loi de Macron

Or, les agriculteurs français ont tendance à acheter en fonction de leurs revenus. Une manière de réduire les impôts lors des bonnes années. Autre élément d’explication, la loi Macron (alors ministre de l’économie) qui autorisait la défiscalisation d’une partie des investissements productifs, avec un amortissement de 140 % de la valeur d’achat, a dopé les ventes de tracteurs fin 2015 et début 2016. Le dispositif s’est arrêté en avril 2017.

L’appétit pour les tracteurs est un bon indicateur du marché global des agroéquipements. Ce secteur représente à lui seul près d’un tiers des ventes. « Le marché des agroéquipements s’est stabilisé en 2017 à 5,1 milliards d’euros en progression de 1,1 % », estime Mme Dessart. A comparer aux 6,5 milliards d’euros affichés en 2013. Au point que l’Allemagne, est passé devant la France en 2016, comme premier marché de l’agroéquipement avec un montant de 5,5 milliards d’euros. Une position qu’elle devrait conserver en 2017.

Les espoirs se reportent sur 2018. « Le marché devrait mécaniquement repartir à la hausse », affirme Mme Dessart. Axema table sur une croissance de 5 % à 5,295 milliards d’euros. A condition que les revenus des agriculteurs soient confortés et qu’ils n’aient pas trop pris goût au recours à l’occasion…