Electricité de France (EDF) a annoncé, mardi 10 avril, que des « écarts de qualité dans la réalisation des soudures » par rapport à son cahier des charges avaient été détectés sur l’EPR de Flamanville (Manche) et que des contrôles étaient en cours. Le groupe a déclaré cet événement « significatif » à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et ajoute que ces défauts pourraient l’obliger à reporter une fois de plus le démarrage du réacteur de troisième génération conçu par Framatome (ex-Areva NP) et l’allemand Siemens.

Jusqu’à présent, EDF avait programmé le chargement du combustible (pastilles d’uranium enrichi) à la fin du quatrième trimestre 2018 pour une mise en service commerciale dans le courant de 2019. La construction du deuxième EPR lancé dans le monde – après celui d’Olkiluoto en Finlande – a débuté en 2007 et son lancement était initialement prévu en 2012.

Le dérapage du calendrier, pour des problèmes de béton et de ferraillage notamment, a entraîné une dérive financière du projet : de 3,5 milliards d’euros au début, la facture a grimpé à 10,5 milliards (hors intérêts intercalaires). EDF n’exclut pas que ce nouveau retard entraîne un nouvel alourdissement de la facture.

Un très mauvais signal au moment où le groupe dirigé par Jean-Bernard Lévy finalise une négociation avec l’Inde pour la vente de six EPR. Dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, le titre EDF perdait environ 1,6 %.

Contrôles additionnels de 150 soudures

Ces « écarts de qualité » portent sur les soudures sur les tuyauteries du circuit secondaire principal, qui conduit la vapeur des générateurs à la turbine. Elles avaient pourtant été contrôlées par le groupement des entreprises chargées de la fabrication du circuit, qui « les avaient déclarées conformes au fur et à mesure de leur réalisation », indique EDF. Quelque 150 soudures vont subir des contrôles additionnels avant les actions correctives qu’il proposera à l’ASN. Un travail qui doit s’achever « d’ici fin mai ».

EDF avait déjà annoncé, le 22 février, des écarts de qualité, tout en précisant : « Ces tuyauteries sont bien conformes à la réglementation des équipements sous pression nucléaire. » Mais les soudures auraient dû correspondre au standard « haute qualité », plus exigeant que la réglementation en vigueur, avait expliqué au Monde une porte-parole du groupe. Concrètement, EDF avait défini pour la construction de l’EPR cette nouvelle norme de qualité, et n’a pas été en mesure de la faire respecter par ses sous-traitants.

« Cet événement ne remet pas en cause le planning du projet », assurait-on alors chez EDF. Le groupe avait eu tendance à minimiser l’événement. Son analyse n’était pas partagée par l’ASN. Son président, Pierre-Franck Chevet, avait estimé, devant les députés de la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire, que le sujet était « sérieux ».