Nouvelle attaque chimique présumée en Syrie
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Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit outré, mardi 10 avril, par l’attaque présumée chimique en Syrie, appelant à une enquête « impartiale » donnant un accès « sans entrave » aux enquêteurs internationaux. « Toute utilisation confirmée d’armes chimiques, par n’importe quelle partie au conflit et en toutes circonstances, est odieuse et constitue une violation flagrante du droit international », a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué.

Mené dans la soirée du 7 avril, ce « carnage chimique », selon les mots de l’ambassadeur français, François Delattre, aurait fait une cinquantaine de morts et plusieurs centaines de blessés à Douma, dernière poche rebelle aux abords de Damas. Les symptômes sont « typiques d’une exposition à un agent neurotoxique puissant, combiné au chlore pour en augmenter l’effet létal », a exposé le représentant du Quai d’Orsay.

M. Guterres a réaffirmé son soutien total à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et à sa mission d’établissement des faits qui, selon lui, « devrait bénéficier d’un accès total, sans aucune restriction ou entrave à ses activités ». « La gravité des récentes allégations nécessite une enquête approfondie utilisant une expertise impartiale, indépendante et professionnelle », a-t-il ajouté.

Projets de résolution concurrents

Les Etats-Unis doivent déposer mardi un projet de résolution, instituant un mécanisme d’enquête international sur le recours aux armes chimiques, mais la Russie a jugé qu’il comprenait des « éléments inacceptables » et devrait déposer un projet concurrent.

Le texte de la résolution américaine, que Le Monde a pu consulter, prévoit la création d’un mécanisme d’enquête proche du JIM (Joint Investigation Mission), qui réunissait des inspecteurs de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, et qui avait été supprimé par un veto russe en novembre 2017. Il demande, en outre, au régime syrien de fournir les noms des pilotes qui auraient pu se trouver en vol le 7 avril à l’heure de l’attaque, ainsi que les plans de vol. Le représentant russe, Vassily Nebenzia, a d’ores et déjà averti du caractère « inacceptable » d’une telle résolution.

Moscou compte ainsi déposer un projet concurrent de celui des Etats-Unis mardi à l’ONU pour exiger « une enquête » qui impliquerait l’OIAC, a annoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Moscou se défend, en effet, d’avoir permis la moindre attaque chimique et assure que ses experts, qui ont recueilli des échantillons sur le terrain de Douma, n’ont pas relevé d’agents neurotoxiques. Il s’agirait, au contraire, pour l’ambassadeur russe, d’une « mise en scène » macabre organisée par les rebelles. Mardi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que Moscou allait déposer à l’ONU un projet de résolution exigeant la tenue d’« une enquête ». « Nous sommes intéressés à ce que les experts indépendants de l’Organisation internationale sur les armes chimiques » participent à cette enquête, a-t-il dit.

L’ONU n’a plus d’organisme d’enquête dédié aux attaques chimiques en Syrie depuis la disparition fin 2017 du JIM, un groupe ONU-OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) dont le mandat n’a pas été renouvelé en raison de plusieurs veto russes.

Le président américain Donald Trump a fait planer la menace d’une riposte militaire contre le régime syrien après cette attaque chimique présumée.