Série documentaire sur France 2 à 20 h 55

Frédéric Lopez et Malik Bentalha, dans le parc national des Cévennes. / JEAN-MICHEL TURPIN

Un paysage aride, des plaines interminables. La Mongolie ? L’Ethiopie ? Non, nous voici en France, plus précisément en Lozère. Après avoir sillonné la planète en compagnie de célébrités dans « Rendez-vous en terre inconnue », Frédéric Lopez décline désormais le concept de son émission phare à la sauce hexagonale. Ainsi, pour ce premier numéro, l’animateur et son invité, le comédien et humoriste Malik Bentalha, se sont rendus dans le parc national des Cévennes. Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, il s’agit du seul parc national habité de façon permanente.

Alors qu’il pensait s’envoler pour une destination exotique, Malik Bentalha a découvert, une semaine avant son départ, qu’en réalité il allait se rendre à deux pas d’où il avait grandi (le Gard), mais où il n’était jamais allé : les Cévennes. A l’entame du périple, une autre surprise attendait le comédien, qui s’est vu confisqué par Frédéric Lopez ce qu’il considère être le « prolongement de [lui-même] » : son téléphone portable. Exit donc Snapchat, Instagram et autres outils de partage. Ici, les deux pérégrins n’ont que leurs yeux pour s’imprégner de ce qui les entoure et profiter au mieux du dépaysement de cette escapade en terres cévenoles.

« Feel good movie »

Décontenancé, Malik Bentalha parvient toutefois à tirer parti de cette expérience. Toujours en train de faire le pitre – c’est, après tout, son métier –, le comédien se révèle être un personnage attachant, dont les remarques, comiques, égayent le programme. Sans oublier les traditionnelles confidences au coin du feu face à Frédéric Lopez qui, tel un apprenti Socrate, essaie de faire accoucher les émotions de son invité, notes de musique folk et de piano en fond sonore.

Nos terres inconnues constitue un voyage à la fois initiatique et didactique où, comme les téléspectateurs, les deux Parisiens vont en apprendre davantage sur le personnage principal des lieux : la Nature et ses humeurs. Au travers de randonnées, de canyoning ou encore d’une balade à cheval, Frédéric Lopez et Malik Bentalha partent à la découverte de la faune, de la flore, mais surtout à la rencontre des habitants : autochtones, néoruraux, agriculteurs ou épiciers ambulants, ceux et celles qui ont fait le choix de rester ou de se réfugier dans cette région enclavée. Des hommes et des femmes qui, pour la plupart, ont décidé de fuir les angoisses de la ville.

Vision un peu idyllique

Malgré des paysages magnifiques, une image soignée et des personnages touchants, cet ersatz de Rendez-vous en terre inconnue manque de nuances. Le tableau final paraît trop idyllique, voire caricatural, comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Certes, les témoignages des personnes rencontrées sont sincères et émouvants, mais l’ensemble demeure un peu naïf. Certes, les obstacles à ce type de vie isolée, comme la précarité, l’éloignement géographique ou les conditions météorologiques, sont évoqués mais de façon trop succincte.

Gorgé d’optimisme, ce premier rendez-vous constitue une sorte de « feel good movie », composée de belles valeurs telles que la solidarité, la liberté et le respect, mais il échoue à convaincre pleinement. Si Nos terres inconnues peut être pour les citadins un prétexte à l’évasion, un aparté au sein d’un quotidien lointain et suranné, on doute qu’il le soit réellement pour les populations rurales.

Nos terres inconnues, série documentaire créée par Frédéric Lopez et Ismaël Khelifa, réalisée par Pierre Stine (Fr., 2018, 105 min).