Un premier vol Moscou-Le Caire marque, mercredi 11 avril, la reprise des liaisons aériennes directes entre la Russie et l’Egypte, suspendues fin 2015 après l’attentat contre un charter russe au-dessus du Sinaï, entraînant de dures conséquences pour l’économie égyptienne.

Prévu à 17 h 50 GMT, le décollage du vol SU0400 de la compagnie publique russe Aeroflot depuis l’aéroport de Moscou-Chérémétiévo ne constitue qu’un tout premier pas avant le retour de charters susceptibles d’acheminer les touristes russes vers les plages des stations balnéaires égyptiennes. Jeudi, c’est Egyptair qui reprendra ses liaisons entre les deux capitales et, au total, les deux compagnies effectueront cinq rotations par semaine.

Une portée symbolique

Les liaisons aériennes entre les deux pays avaient été suspendues après le crash d’un Airbus A321 dans le Sinaï le 31 octobre 2015, qui avait fait 224 morts, essentiellement des touristes russes. Une bombe avait explosé à bord de l’avion après son décollage de la station balnéaire de Charm Al-Cheikh dans l’est du pays. L’attaque avait été revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Justifiée par Moscou par les failles dans les mesures de sécurité aériennes en Egypte, l’interruption des vols avait porté un coup dur au tourisme en Egypte, une destination très prisée par les Russes. Le nombre de touristes étrangers en Egypte était passé de 14,7 millions en 2010 à 5,4 millions en 2016, l’année suivant l’attentat, avant de remonter à 8,3 millions en 2017, selon des chiffres officiels.

Les revenus issus du tourisme avaient été divisés par trois, passant de 11,6 milliards de dollars (9,3 milliards d’euros) pendant l’année fiscale 2010 à 3,8 milliards en 2016, selon la Banque centrale égyptienne. Mais si la reprise des vols a une portée symbolique, son effet sur le tourisme s’annonce limité. Pour l’instant, des vols permettant aux touristes russes d’atterrir directement dans les stations balnéaires égyptiennes ne sont en effet pas encore prévus. Pour s’y rendre depuis Le Caire, il faut faire un trajet de six à sept heures en autocar ou prendre un vol domestique.

« Une grande inquiétude »

Les deux pays fixeront une date pour négocier la reprise des vols entre la Russie et les stations balnéaires égyptiennes à la suite de la reprise des vols entre les capitales, avait précisé la semaine dernière l’ambassadeur égyptien en Russie, Ihab Nasr, cité par l’agence russe Ria Novosti. « Les touristes n’ont pas besoin de vols directs pour Le Caire. Le transfert du Caire vers les stations balnéaires est long et inconfortable, et personne ne s’y rendra de cette façon », a expliqué à l’AFP Irina Tiourina, porte-parole de l’industrie russe du tourisme.

« En pratique, la situation reste la même qu’avant, quand les gens s’y rendaient indépendamment, en passant par Minsk ou Istanbul », a-t-elle estimé, affirmant que l’« Egypte, en tant que destination touristique pour le marché russe, n’est pas encore de retour ». Les autorités russes ne cachaient pas par ailleurs leurs inquiétudes.

« La reprise des liaisons aériennes avec l’Egypte, en particulier vers les zones de villégiature, fait l’objet d’une grande inquiétude de notre part », a déclaré la semaine dernière Alexandre Neradko, à la tête de l’Agence fédérale des transports aériens, cité par les agences russes. Selon le quotidien Al-Ahram, huit experts russes seront chargés, à l’aéroport international du Caire, de surveiller le respect des mesures de sécurité sur les vols à destination de Moscou.