Le président Vladimir Poutine (à droite), au côté du président du CIO, Thomas Bach, à Sotchi, en février 2014. / DAVID GOLDMAN / AFP

Après l’enquête judiciaire française sur la Fédération internationale d’athlétisme et les rapports McLaren et Schmid sur le programme de dopage des Jeux olympiques de Sotchi, on pensait tout savoir de la machination russe pour corrompre le sport mondial. Le rapport confidentiel de l’Agence mondiale antidopage (AMA) révélé dans nos colonnes montre que le docteur Grigori Rodchenkov avait un autre atout dans sa manche, et pas des moindres.

C’est dorénavant aux autorités allemandes, autrichiennes et norvégiennes, travaillant de concert avec l’AMA, d’établir la véracité des faits allégués par l’ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou et par un informateur tenu secret par l’Agence. Et de cerner l’ampleur des complicités dont ont bénéficié, au sein de la Fédération internationale de biathlon (IBU), les dirigeants du biathlon russe.

Dans l’attente des progrès de l’enquête, la Russie voit de nouveau sa position fragilisée alors qu’elle revenait progressivement en odeur de sainteté. A l’issue des Jeux olympiques de Pyeongchang, elle avait rapidement été réintégrée par le Comité international olympique après avoir été contrainte de disputer les Jeux sous une bannière – relativement – neutre.

Réintégration politiquement délicate

L’AMA avait aussi exprimé son satisfecit sur les opérations d’une Rusada (agence russe antidopage) renouvelée dans sa direction et, paraît-il, dans son mode de fonctionnement. Manquaient deux éléments cruciaux avant de déclarer à nouveau conforme Rusada : la reconnaissance officielle des faits décrits dans le rapport d’enquête de Richard McLaren et l’accès aux échantillons mis sous séquestre au laboratoire de Moscou.

Quand bien même ces conditions seraient remplies dans les semaines à venir, il serait politiquement délicat de réintégrer Rusada dans l’Agence mondiale antidopage dans le contexte des révélations sur la corruption du biathlon mondial. Il est peu probable, en revanche, que la réintégration du Comité olympique russe soit remise en cause.

Au moins ces nouvelles révélations ne touchent-elles pas le football : dans deux mois commence en Russie la Coupe du monde. C’est le temps qu’il reste à la FIFA pour clarifier la situation des footballeurs russes dont le nom apparaît dans le rapport McLaren.

L’IBU, de son côté, s’apprête à vivre des moments compliqués. Soutenir coûte que coûte son président Anders Besseberg reviendrait à se décrédibiliser un peu plus aux yeux de l’AMA, au moment où celle-ci vient d’élargir ses pouvoirs de sanction vis-à-vis des organisations ne respectant pas ses règles. Des décisions fortes devront être prises sans attendre le congrès de l’IBU, traditionnellement organisé en fin d’année.