Des soldats syriens à l’est de Douma, dans la province de la Ghouta orientale, le 8 avril 2018. / STRINGER / AFP

L’armée syrienne a repris, jeudi 12 avril, le contrôle de la totalité de la ville de Douma et de la zone rebelle de la Ghouta orientale, aux portes de la capitale d’un pays ravagé par la guerre depuis 2011. Après cinq années de siège et huit semaines d’offensive, marquée par un pilonnage incessant qui a causé la mort de plus de 1 600 civils et s’est conclue sur une attaque chimique présumée, la police militaire russe s’est déployée dans Douma, la capitale et l’ultime poche de résistance de cette région rebelle, scellant sa capitulation définitive.

« L’armée syrienne n’est pas encore rentrée dans Douma, mais on peut dire que la ville est tombée, témoigne Baraa Abdel Rahman, un journaliste proche de l’opposition syrienne, qui a évacué Douma il y a quelques jours. Les rebelles qui ne sont pas encore partis sont passés de facto sous le contrôle des Russes ».

Stratégie contre-insurrectionnelle du régime

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le leader de Jaych Al-Islam, Issam Bouwaïdani se trouvait jeudi matin dans une zone rebelle du nord de la Syrie, après avoir quitté Douma. Les derniers combattants encore présents dans la ville ont entrepris de remettre leurs armes lourdes aux Russes. Dans les jours précédents, en vertu d’un accord conclu avec Moscou, les combattants de Jaych Al-Islam, le groupe armé d’inspiration salafiste aux commandes de la ville depuis 2013, avaient commencé à être transférés par bus vers la région de Djarabulus, une zone rebelle du nord de la Syrie, sous protection turque.

Cette opération constitue l’épilogue de la chute de la Ghouta, amorcée mi-mars, lorsque les deux autres groupes anti-Assad présents sur ce territoire, Ahrar Al-Cham et Faylaq Al-Rahman, avaient hissé le drapeau blanc. Les premiers, d’obédience salafiste aussi, avaient consenti à abandonner leur fief de Harasta le 19 mars et les seconds, de tendance islamiste modérée, ont quitté les communes du sud de la Ghouta qui formaient leur place forte – Zamalka, Ayn Terma, Jobar et Erbin – deux jours plus tard.

Après la vieille ville de Homs en mai 2014, les localités de Daraya et Mouadamiya, au sud de Damas, à l’été 2016, et les quartiers est d’Alep en décembre 2016, la Ghouta orientale a succombé à son tour à la stratégie contre-insurrectionnelle du régime de Bachar Al-Assad. En début d’année, celui-ci avait fait de la Ghouta orientale sa priorité, alors que les rebelles de ce secteur, assiégés depuis 2013, tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale. Les huit semaines de sièges de l’armée loyaliste ont fait plus de 1 600 morts parmi les civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Attaque chimique à Douma

L’annonce de la reprise totale de la Ghouta orientale intervient alors que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France songent à une intervention militaire en Syrie en représailles à l’attaque chimique commise à Douma, où plus de 40 personnes ont été tuées. Dans une série de tweet, mardi, le président des Etats-Unis Donald Trump a menacé de déclencher des frappes en Syrie.

« La Russie jure d’abattre n’importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et “intelligents !” Vous ne devriez pas vous associer à un animal qui tue avec du gaz, qui tue son peuple et aime cela. »

Dans la foulée, la première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, a convoqué une réunion d’urgence jeudi consacrée à un éventuel ralliement de Londres en cas de frappes en Syrie. Mais au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), un projet de résolution visant à créer un mécanisme d’enquête sur le recours aux armes chimiques a échoué à la suite du veto russe, allié de la Syrie.