La sculpture-bar « Les Autruches », de François-Xavier Lalanne (1967-1970), a été vendue pour près de 6 millions d’euros chez Sotheby’s en décembre 2017, deuxième plus haut prix pour l’artiste. / SOTHEBY’S/ARTDIGITAL STUDIO

Voilà encore vingt ans, ­personne n’aurait parié sur l’envolée des prix de Claude et François-Xavier Lalanne. Ce couple de sculpteurs exigeants et fantaisistes a certes toujours joui d’un fan-club de haute volée, les Agnelli, les Rothschild ou les Schlumberger, séduits par le bestiaire surréalisant et les motifs végétaux qui font depuis quarante ans leur signature. Jamais dérisoires, leurs prix étaient toutefois loin des paliers stratosphériques enregistrés depuis quelques années aux en­chères. Dernier record en date, le bar Les Autruches, qui s’est vendu pour 6,2 millions d’euros en décembre 2017 dans la vente Jacques Grange, chez Sotheby’s. Une jolie culbute : le décorateur l’avait acheté pour 120 000 euros en 1995.

Dès la vente Bergé-Saint Laurent en 2008, les prix des Lalanne se sont emballés. Leur bar fut alors acheté par la propriétaire de la marque Fendi pour 2,7 millions d’euros. La vente Lalanne organisée en 2015 par Sotheby’s a aussi dopé les prix. Un fauteuil en marbre ­modèle oiseau s’est alors vendu pour 150 000 euros. Deux ans plus tard, le même modèle a décroché 280 000 euros.

« Indémodable et élégant »

Comment expliquer cette flambée ? Par l’arrivée sur le marché de nouveaux collectionneurs asiatiques, moyen-orientaux et russes. Mais aussi par la nature de leur travail. « C’est un art ludique, poétique, avec lequel on vit bien et qui touche autant les collectionneurs d’art ­contemporain que d’arts décoratifs », remarque Florent Jeanniard, spécialiste chez ­Sotheby’s. Pour le marchand parisien Jean-Gabriel Mitterrand, qui accompagne les ­Lalanne depuis 1975, « c’est la reconnaissance d’un goût français classique, indémodable et élégant ».

« Les gens recherchent en priorité le côté végétal de Claude et la ­dimension animalière de François-Xavier », explique Sonja Ganne, de Christie’s

Toutes les pièces ne connaissent toutefois pas le même emballement. « Les gens recherchent en priorité le côté végétal de Claude et la ­dimension animalière de François-Xavier », précise Sonja Ganne, spécialiste chez Christie’s. Parmi les best-sellers figurent les moutons et les bovidés, très prisés des col­lectionneurs d’art contemporain. Les premiers moutons en laine, datant de 1977, valaient autour de 10 000 francs. La deuxième série en époxy commencée en 1996 se négociait alors autour de 15 000 euros. Il faut désormais compter entre 140 000 et 200 000 euros.

Les Lalanne, 13 avril-27 mai, Galerie Mitterrand. Galeriemitterrand.com