LOÏC VENANCE / AFP

Après trois jours de heurts entre gendarmes mobiles et zadistes sur la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, l’ambiance était toute autre, jeudi 12 avril au matin, aucun affrontement n’ayant eu lieu, d’après des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Les forces de l’ordre, qui ont accru mercredi leur pression sur les occupants de la ZAD, travaillaient à sécuriser totalement la zone afin de permettre le déblaiement de la trentaine de « squats » détruits ou en cours de destruction.

Les accès routiers vers l’ancienne « zone d’aménagement différé » (ZAD), rebaptisée « zone à défendre » par les opposants au projet d’aéroport abandonné en janvier, étaient fermés à la circulation tôt jeudi matin. Aucune évacuation ou expulsion n’était en cours après une nuit « calme », avec trois blessés légers dans les rangs de la gendarmerie, selon les gendarmes.

Carte de situation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. / « Le Monde »

Charge massive contre les opposants

Un hélicoptère de la gendarmerie et un drone survolaient la ZAD. Quelques personnes étaient regroupées sur des barricades autour du lieu-dit des « Vraies Rouges », théâtre mercredi d’affrontements. Une vingtaine de tracteurs « vigilants » étaient positionnés dans le champ du jardin médicinal « Le Rouge et le Noir » entre les « Fosses noires » et les « Vraies Rouges ». Seul incident à signaler, une barricade de pneus a été enflammée sur la nationale 165 vers 7 heures, occasionnant des bouchons entre Nantes et Vannes dans les deux sens de circulation.

Le 17 janvier, lorsqu’il a mis fin au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le premier ministre, Edouard Philippe, s’était engagé à éradiquer cette « zone de non droit ».

Mercredi, les gendarmes ont lancé une charge massive contre les opposants, la plus importante depuis le début de leur intervention lundi à l’aube. Treize nouveaux habitats ont été évacués dans la journée, « soit 29 au total depuis le début de l’opération », selon la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein. Vingt-six habitats ont été détruits et trois étaient « en cours de destruction » mercredi soir, d’après la même source.

Lundi, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, avait évoqué une quarantaine « d’édifices » à détruire sur la ZAD et une « centaine » de personnes à déloger. Les autorités ont recensé 97 « squats », ou « lieux de vie » selon la terminologie des zadistes. La préfète a assuré lundi qu’aucun habitat « en dur » ne serait détruit.

Les opposants historiques battent le rappel

Mercredi 11 avril, les gendarmes ont lancé une charge massive contre les opposants, la plus importante depuis le début de leur intervention lundi à l’aube. / LOÏC VENANCE / AFP

Dans le bocage souvent noyé sous les gaz lacrymogènes, les opposants historiques ont battu le rappel de leurs soutiens, choqués par l’ampleur de destructions occasionnées à leurs installations. Leur émotion a trouvé écho au Parlement européen, où les écologistes ont demandé un « rendez-vous en urgence » à Edouard Philippe. Se disant « choqu[és] » par « l’intervention brutale de près de 2 500 gendarmes », les eurodéputés écologistes soulignent que « les expulsions et les destructions sans discernement créent une situation de violence dont personne ne maîtrise les conséquences potentiellement dramatiques ».

L’importance de l’opération menée depuis lundi a poussé les opposants à durcir le ton. En rasant les lieux de vie installés autour de la D281, où se cristallisaient les tensions depuis l’abandon du projet d’aéroport, les gendarmes ont détruit au passage des projets agricoles collectifs.

L’intervention prévoit d’expulser toute personne n’ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels. La préfète a été assignée « en urgence » par un zadiste qui conteste la légalité de son expulsion, lundi, du lieu-dit des « 100 noms ». Une audience sur cette affaire se tenait jeudi matin devant le tribunal de grande instance de Nantes.