Onze personnes âgées de 16 à 20 ans ont été mises en examen, jeudi 12 avril, dans le cadre de l’enquête sur le tabassage d’une policière le soir du Nouvel An, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), en marge d’une soirée privée qui avait dégénéré.
La vidéo avait fait le tour de la Toile et choqué jusqu’au sommet de l’Etat. Sur les images, une jeune gardienne de la paix roulée en boule, à terre, se faisait rouer de coups par plusieurs hommes qui l’encerclaient.

Dès le lendemain, Emmanuel Macron avait dénoncé un « lynchage lâche et criminel » et promis que les coupables seraient « retrouvés et punis ». Edouard Philippe avait prôné « une grande sévérité judiciaire et pénale » pour les auteurs de cette agression filmée.

Enquête « pas achevée »

Au terme d’une enquête de plus de trois mois menée par la sûreté départementale du Val-de-Marne avec l’appui de l’Office central de lutte contre la cybercriminalité, six hommes (trois majeurs et trois mineurs) sont poursuivis pour violences en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique.

Deux d’entre eux sont aussi mis en cause pour vol en réunion : le premier est soupçonné d’avoir dérobé la grenade de désencerclement de la policière, le second, sa paire de menottes.

Deux autres majeurs et un mineur ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger, un dixième homme pour enregistrement d’images de violences et une femme pour leur diffusion.

Trois autres personnes, également mises en garde à vue, ont été relâchées. Lors d’une conférence de presse au tribunal, la procureure Laure Beccuau a précisé que l’enquête n’était « pas achevée » et que « l’intégralité des mis en cause » n’avait pas été interpellés.

Des suspects identifiés grâce à la vidéo diffusée

Les agresseurs présumés ont pu être identifiés grâce au travail effectué à partir des vidéos postées sur les réseaux sociaux. Leurs visages ont été isolés un à un et leurs vêtements identifiés avant d’être repérés sur les caméras de surveillance de la ville. L’examen de leur téléphonie a permis de confirmer leur présence. Par ailleurs, certains vêtements portés au moment des faits ont été découverts lors des perquisitions. Une grenade de désencerclement a également été retrouvée au domicile de l’un d’eux, « probablement celle qui a été dérobée lors de l’agression », selon le parquet de Créteil.

Pendant les gardes à vue, un suspect a reconnu les violences commises sur la policière de 25 ans. Deux autres ont admis avoir frappé la jeune femme, mais sans réaliser qu’il s’agissait d’une fonctionnaire de police, ont-ils argumenté.

L’homme et la femme qui ont enregistré et diffusé les images ont tous deux reconnu les faits qui leur sont reprochés. Tout comme les trois prévenus suspectés de non-assistance à personne en danger. « Ils ont justifié leur inaction par la peur de se faire frapper s’ils intervenaient, explique le parquet le Créteil. Deux jeunes femmes ont pourtant aidé la policière. »

Des suspects majoritairement inconnus des services de police

Les profils des suspects sont jugés « plutôt inhabituels ». L’un des auteurs de violences est un sportif de haut niveau, un volleyeur élève à l’école du Centre de ressources, d’expertise et de performance sportives (Creps) 92 à Châtenay-Malabry. « Tous sauf trois sont inconnus des services de police et de la justice », précise-t-on au parquet de Créteil.

Un majeur et un mineur sont sous contrôle judiciaire : le premier pour vol avec arme, le second pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Un second majeur a déjà été condamné en 2014 pour des faits d’atteinte aux personnes.

Originaires du Val-de-Marne, du Val d’Oise, de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine et de l’Eure, aucune des onze personnes interpellées ne se connaissaient avant cette soirée.

Le coéquipier de la policière, un capitaine de 48 ans, avait lui aussi été frappé au cours de cette intervention. Son agression n’a pas été filmée et l’enquête n’a pour l’instant pas permis de retrouver ses agresseurs.