ISABEL ESPANOL

En choisissant le DS7 Crossback hybride rechargeable pour sa ­cérémonie d’investiture, Emmanuel Macron surfe sur la lame de fond qui porte les SUV (sport utility vehicle) aux avant-postes du marché automobile. Pour la première fois, l’Elysée choisit l’un de ces 4 × 4 aux lignes adoucies.

François Hollande avait déjà opté pour un véhicule du groupe PSA pour sa cérémonie d’investiture : une Citroën DS5 hybride cabriolet. La participation de l’Etat au capital du constructeur à ­travers BPI France, la banque publique d’investissement, n’est sans doute pas étrangère à ce coup de projecteur.

Catégorie reine dans les flottes

A l’image de l’Elysée, les Français raffolent des SUV comme voiture personnelle ou véhicule de fonction. Pour près de la moitié des constructeurs, les SUV se vendent mieux que les berlines. Les chiffres sont sans appel : les SUV neufs se sont écoulés à 683 175 unités en 2017, soit près d’une vente sur trois et des volumes en hausse de 21,9 %.

Les entreprises aussi leur réservent une place de choix dans leurs flottes. Sur les 10 premiers véhicules immatriculés en location longue durée (LLD), trois sont des SUV. Peugeot place son 3008 en deuxième position et son 5008 en neuvième position. De son côté, Renault affiche six véhicules dans le top 10, dont le Captur, en 7e position. Ce succès est particulièrement significatif puisque la LLD est le mode de financement préféré des entreprises.

Financés en LLD, en location avec option d’achat (LOA), sur fonds propres ou à ­crédit, les SUV règnent en maître sur le marché des flottes. En 2017, les entreprises ont réservé 18 % de leurs achats automobiles à des SUV. Et la vague continue d’enfler puisque, en janvier dernier, ce pourcentage a atteint 22 %. Avec près de 80 000 unités, ces volumes grimpent de plus de 30 % par rapport à janvier 2016. Chez les loueurs longue durée, plus présents auprès des grandes entreprises, les achats de SUV ont progressé de près de 50 %. En 2017, les ventes de Peugeot auprès des entreprises et des administrations ont augmenté de 18,41 %. Les 2008, 3008 et 5008 ont représenté 47 % de ces volumes. Auprès de cette même clientèle, les ventes de Renault progressent de 12,26 % et ses SUV (Captur, Koleos, Kadjar) représentent 14,76 % des volumes écoulés.

Super SUV pour super patrons

Principal événement international autour de l’automobile avant le Mondial de Paris qui se tiendra en octobre prochain, le Salon de Genève regorgeait de nouveaux SUV. En mars, particuliers, acheteurs professionnels et gestionnaires de flottes ont pu découvrir les BMW X4, Honda CR-V, Hyundai Santa Fe, Jeep Cherokee, Lexus UX, Volvo XC40 et le ­Cupra Ateca, le SUV de la marque sportive de Seat.

« Pour sortir du lot quand tout le monde possède une voiture, le SUV permet de se différencier. » Yoann Demoli, sociologue à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

D’autres modèles inédits veulent convaincre les entreprises avec leurs moteurs électriques. Le Hyundai Nexo est alimenté par une pile à hydrogène quand les Kona EV et Jaguar I-Pace puisent leur énergie dans de plus classiques batteries. Enfin, pour les super ­patrons, un super SUV était présenté sur le stand Lamborghini : l’Urus dont le tarif commence à 207 715 euros.

Comme son prix et son look, ses ­consommations et ses émissions ne sont pas des plus sobres. Avec 279 g/km de CO2, un malus de 10 500 euros sera facturé à l’entreprise. Une vétille ! Au ­volant, le conducteur aura l’impression d’attirer les regards quand seule la voiture concentrera l’intérêt. « Pour sortir du lot quand tout le monde possède une voiture, le SUV permet de se différencier », explique Yoann Demoli, sociologue à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Pas de doute, avec un Lamborghini Urus, un dirigeant marquera sa différence. Pas sûr que l’image de marque de son entreprise en sorte gagnante.

En 2017, Maserati a enregistré 236 ventes auprès des entreprises, soit le tiers de ses volumes en France. Le constructeur italien a également vendu huit exemplaires de son SUV Levante, qui ont été immatriculés dans la même ­catégorie que les camionnettes. L’intérêt : alléger la fiscalité.