En janvier 2017, à Dunkerque (Nord). | PHILIPPE HUGUEN / AFP

Naf Naf passe sous pavillon chinois. Vivarte a annoncé, mercredi 11 avril, la cession de l’enseigne au « grand méchant look » à un consortium d’investisseurs chinois emmené par La Chapelle, leadeur du marché chinois de l’habillement féminin à petits prix. Ce distributeur – son réseau de 9 448 magasins dans le pays a généré 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires – signe sa première acquisition à l’étranger, fait valoir Vivarte.

Le montant de l’opération s’élève à 52 millions d’euros, a précisé La Chapelle à l’agence Reuters. En 2007, après avoir bataillé des mois, Vivarte, alors présidé par Georges Plassat, avait racheté cette enseigne fondée par Patrick Pariente et son frère Gérard, en 1973, pour un montant de l’ordre de 200 millions d’euros. Le réseau Naf Naf comprend aujourd’hui 474 points de vente.

Cette fois, contrairement aux dispositions prises lors de la cession d’André, spécialiste de la chaussure, à Spartoo, Vivarte n’a pas eu à abonder cette vente. « L’enseigne Naf Naf est profitable », rappelle une porte-parole. En janvier, le groupe avait conclu un accord avec les dirigeants du site grenoblois de vente en ligne pour leur accorder une enveloppe de « quelques millions d’euros » pour reprendre André et sa centaine de magasins déficitaires.

Confronté à de grandes difficultés et affecté par des dettes colossales, Vivarte, groupe détenu par des fonds d’investissement, a entrepris un vaste plan de restructuration financière et de cessions pour se concentrer sur cinq enseignes seulement : La Halle, Minelli, San Marina, Cosmoparis et Caroll. A l’été 2017, 172 de ses créanciers avaient abandonné 864 millions d’euros de créances, ramenant la dette de Vivarte a près de 600 millions. Outre André, l’enseigne Kookaï et les chaussures Pataugas ont été cédées.

« Les meilleures conditions de reprise »

Patrick Puy, PDG de Vivarte, va poursuivre ce plan en cédant deux autres filiales de moindre notoriété : Besson, réseau de magasins de chaussures, et Chevignon, marque de mode masculine. Le premier aurait « déjà obtenu » des marques d’intérêt, assure une porte-parole. Le second « repart dans un processus de vente », ajoute cette dernière.

Le produit de ces différentes ventes doit financer un plan d’investissement de 70 millions d’euros. Le distributeur dont les pertes nettes s’élèvent à 305 millions d’euros doit notamment relancer et moderniser sa filiale La Halle. L’enjeu est d’importance : à elle seule, cette enseigne représente 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, sur le 1,8 milliard d’euros que pèse désormais Vivarte. Or l’enseigne, née de la fusion des magasins La Halle aux vêtements et La Halle aux chaussures, est sévèrement concurrencée par Kiabi, en périphérie des villes, par les H&M et autres Primark, dans les centres commerciaux, et par nombre de spécialistes de la mode à petits prix vendus sur le Net. Après un plan de fermetures et un plan social mené en 2017, elle exploite 900 magasins en France.

Vivarte se félicite d’avoir cédé Naf Naf à La Chapelle et à ses coinvestisseurs également chinois, les fonds Star Platinum Capital et East Links. A en croire M. Puy, cité dans un communiqué, cet accord « garantit à Naf Naf et à ses collaborateurs les meilleures conditions de reprise aujourd’hui et les meilleures perspectives de croissance demain ».

La Chapelle envisage d’ouvrir des magasins Naf Naf en Chine, à raison de 500 dans les cinq ans à venir, et d’inaugurer une trentaine de points de vente en Europe, assure Vivarte.