Un homme broie du manioc pour la préparation de l’attiéké, en mars 2018, dans le centre de la Côte d’Ivoire. / SIA KAMBOU / AFP

Des chercheurs africains ont mis en garde, jeudi 12 avril, à Abidjan contre l’apparition d’une nouvelle maladie du manioc, « une plante stratégique » sur le continent, appelant à une riposte pour éviter « une catastrophe alimentaire ».

L’Afrique est le plus grand producteur mondial de manioc (57 %), troisième source de glucides dans les pays tropicaux. Il s’agit d’une culture de subsistance cruciale pour la sécurité alimentaire.

L’apparition en Afrique centrale de la « striure brune du manioc », une maladie virale, risque de provoquer des pertes de rendement pouvant atteindre 90 % à 100 %, ont déploré des chercheurs venus de douze pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale.

« Nous appelons les gouvernements à mettre en place un système d’alerte précoce, une stratégie de réponse à cette maladie », a déclaré le docteur Justin Pita, directeur exécutif du programme West African Virus Epidemiology (WAVE), qui lutte contre les affections virales du manioc.

« L’Ebola des plantes »

Le chercheur béninois Corneille Ahanhanzo a de son côté dénoncé la « marginalisation » dont cette culture fait l’objet. Le manioc est pourtant une denrée de base dans nombre de pays africains. « C’est une culture qui semble être marginalisée par la recherche. La plupart des programmes n’ont pas pris en compte les véritables menaces, notamment les maladies virales. Il est temps pour nous, les chercheurs, de nous dresser contre cette maladie qui sera l’Ebola des plantes », a expliqué à l’AFP M. Ahanhanzo.

Le programme WAVE bénéficie d’un financement de la Fondation Bill et Melinda Gates – partenaire du Monde Afrique –, qui avait annoncé en décembre 2017 un investissement de 300 millions de dollars (environ 255 millions d’euros) sur trois ans pour aider les agriculteurs d’Afrique et d’Asie à faire face au changement climatique.

Entre 2018 et 2020, cette somme permettra d’aider à rechercher et sélectionner des semences de riz, de maïs ou de haricots résistantes à la sécheresse, à la chaleur ou aux ravageurs, selon un communiqué de la fondation. Ce financement servira aussi à trouver de nouvelles approches pour les maladies virales qui touchent le manioc et les patates douces, ainsi qu’à développer des techniques de gestion agricole en lien avec la préservation et la restauration de la fertilité des sols.

« Le programme WAVE est en train d’éveiller les consciences sur le déficit de surveillance des maladies émergentes et dévastatrices en Afrique », a salué la ministre ivoirienne de la recherche scientifique, Ramata Ly-Bakayoko.