Le nouveau propriétaire du Milan AC, Li Yonghong, et son prédécesseur Silvio Berlusconi, le 13 avril 2017. / LIVIO ANTICOLI / AFP

Le 13 avril 2017, Silvio Berlusconi se résolvait à vendre le Milan AC, dont il était le propriétaire depuis 1986, au groupe d’investisseurs chinois Rossoneri Sport Investment Lux. Contre 740 millions d’euros, obtenus en partie grâce à un prêt (de plus de 300 millions d’euros) du fonds vautour américain Elliott, l’homme d’affaires Li Yonghong prenait donc en main les destinées du club. En octobre, il devra rembourser son créancier afin de conserver les rênes.

Un an après ce rachat très médiatisé, alors que son équipe (6e de la Serie A italienne) est visée par une procédure de l’UEFA dans le cadre du fair-play financier (FPF), l’administrateur délégué et patron « exécutif » du Milan AC, Marco Fassone, dresse un premier bilan dans un entretien au Monde.

Un an après le rachat du Milan AC par votre actionnaire, quel bilan dressez-vous ?

Le club se porte bien, notre parcours se poursuit avec régularité. « L’empreinte » du propriétaire chinois est très significative. Le président Li Yonghong nous soutient avec ses conseils, recommandations et suggestions et, en même temps, il a toujours eu un grand respect pour la mentalité italienne, nous laissant la plus grande liberté de choix quant aux personnes en poste. Sur le plan financier, le prêt du fonds Elliott est partagé entre la holding et le club, donc le processus de refinancement implique les deux parties et nous avons plusieurs options.

L’actionnaire a plusieurs propositions sur la table (pour le remboursement du prêt), lesquelles ne le satisfont toujours pas pleinement, mais je suis confiant quant au succès de cette « voie » au moment opportun, et certainement dans les délais requis, c’est-à-dire en octobre.

Etes-vous satisfait sur le plan sportif ?

Les premiers mois de la saison ont eu un impact sur notre parcours, mais depuis janvier nos performances se sont nettement améliorées qualitativement et ont gagné en substance. Je pense que la Juventus Turin et Naples ont quelque chose en plus mais, en même temps, nous avons réussi à rivaliser avec d’autres grands clubs comme l’AS Roma, la Lazio et l’Inter Milan.

Nous avons « payé » au début, durant la période de mise en place, ce qui était sans doute prévisible, compte tenu de tous les changements qui ont eu lieu au niveau des joueurs, du staff et de la direction. L’entraîneur Gennaro Gattuso (ex-milieu du Milan AC de 1999 à 2012) a montré qu’il était capable de changer la situation en ce qui concerne la faiblesse du Milan AC en termes de motivation, de confiance et d’estime de soi. C’est un coach avec un grand potentiel, nous aimons l’idée de lancer un processus dont il est le protagoniste à cent pour cent. Ceci incarne, pour nous, l’esprit de ce que devrait être l’avenir du Milan AC et c’est pourquoi nous avons prolongé de trois ans le contrat de Gattuso.

En décembre 2017, la chambre d’instruction de l’Instance de contrôle financier des clubs a refusé, dans le cadre du FPF, de ratifier « un accord volontaire », vous exposant ainsi à des sanctions. Etait-ce une surprise pour vous ?

Malheureusement, nous nous attentions à une telle résolution. L’UEFA avait demandé aux actionnaires des garanties bancaires si élevées qu’il était impossible de les obtenir. Eh bien, nous nous sommes mis en mouvement et nous sommes pleinement concentrés sur le présent.

Les experts du FPF ont-ils des doutes sur les conditions du rachat du Milan AC, avec l’aide du fonds Elliott ?

Je ne vois aucune raison justifiant un tel scepticisme. Autant que je sache, l’achat de notre société s’est fait dans la plus grande transparence, sous la supervision de conseillers juridiques et financiers internationaux.

Votre président, Li Yonghong est-il solvable ?

Jusqu’à présent, le président est sur la bonne voie pour honorer tous ses engagements et a toujours confirmé le maintien du montant total des augmentations de capital (de 35 millions d’euros) que le conseil d’administration lui a demandé d’effectuer. Parfois nous avons tendance à sous-estimer l’importance de ces augmentations, qui font grimper la valeur du club. Couverture des pertes de l’année dernière, prêts sans intérêts et augmentations de capital : le montant investi directement dans le club dépasse 170 millions en douze mois. Ce n’est pas une question triviale !

Qu’attendez-vous de la rencontre prévue les 19 et 20 avril avec les experts du FPF ?

Je suis assez confiant, car je connais bien les personnes qui vont faire l’évaluation. Cependant, il est aussi vrai que le Milan AC, au cours des trois années précédant notre gestion, n’a malheureusement pas respecté les règles du FPF. Par conséquent, la « commission » (l’ICFC) devra juger quelles sanctions nous imposer. Le « business plan » que nous allons présenter est très clair, conforme à la « continuité » financière, respectueux des orientations du FPF auxquelles nous ferons certainement preuve d’un grand respect dans les années à venir.

Quelle est votre stratégie pour la saison prochaine ?

Même si je pense, qu’à moyen terme la Ligue des champions est l’objectif le plus constant du Milan AC, dans tous les plans financiers que j’ai présentés à l’UEFA et au conseil d’administration du club, nous tablons sur la participation du Milan AC à la Ligue Europa (le club a été éliminé par Arsenal en huitièmes de finale de l’épreuve cette saison) et non à la Ligue des champions.

Bien sûr, en citant une métaphore, dont notre entraîneur est particulièrement friand de : « nous avons le devoir de placer la barre plus haut. Nous sommes une jeune équipe tournée vers l’avenir. Nous devons tous grandir ensemble. Milan est solide, nous avons une structure de base, sportive et non sportive, qui va s’étoffer. Nous allons grandir et revenir dans l’élite du football international. »