L’application est engagée depuis plusieurs semaines dans un bras de fer avec les autorités qui lui réclament des clés de déchiffrement. / DADO RUVIC / REUTERS

Un tribunal de Moscou a accédé vendredi 13 avril aux demandes des autorités russes et a ordonné le blocage de la messagerie Telegram.

L’application, fondée par le Russe Pavel Durov, est engagée depuis plusieurs semaines dans un bras de fer avec les autorités qui lui réclament les clés de déchiffrement de certaines conversations.

Le 20 mars, le Roskomnadzor, l’agence fédérale de régulation des télécoms et responsable de la censure sur Internet, avait donné quinze jours à Telegram pour accéder aux demandes du gouvernement.

« La justice sert fidèlement le pouvoir »

Les représentants de Telegram ne se sont pas rendus à l’audience, l’avocat de la messagerie Pavel Tchikov dénonçant « une farce ». Après la décision du tribunal, ce dernier a dénoncé sur son compte Telegram une décision qui « rapproche la Russie de pays où la haine triomphe, où l’on coupe des têtes et on fait la guerre contre le progrès et la liberté » et qui « démontre une nouvelle fois que la justice sert fidèlement les intérêts du pouvoir, sans se préoccuper de préserver un semblant d’apparence ».

Le Roskomnadzor a demandé et obtenu que le tribunal ordonne un blocage immédiat, sans possibilité pour Telegram de formuler un recours suspensif.

Deux types de conversations peuvent avoir lieu sur Telegram : certaines sont sécurisées et Telegram ne dispose techniquement pas des clés pour les lire, mais la plupart des conversations, cependant, ne sont pas particulièrement protégées et Telegram dispose même d’une copie sur ses serveurs.

Telegram, souvent présenté abusivement comme « cryptée » et sécurisée, est très populaire auprès de certains groupes djihadistes mais connaît le succès bien au-delà : elle compte 200 millions d’utilisateurs dans le monde.