Ntumbabu Kalubi et sa sœur Ntumba atteints de malnutrition sévère attendent de voir un médecin à l’hôpital général de Mwene Ditu au Kasaï oriental, le 15 mars 2018. / REUTERS

Le gouvernement congolais parlera-t-il de victoire quand la vie de millions de personnes est en jeu ? La conférence de Genève qu’il avait appelé à boycotter n’est parvenue à recueillir que 528 millions de dollars (430 millions d’euros) de promesses de dons, vendredi 13 avril, alors que les Nations unies estiment à 1,7 milliard de dollars les besoins pour faire face à une situation humanitaire qui s’est fortement dégradée depuis un an. Environ 200 millions de dollars avaient déjà été annoncés à la suite du Plan de réponse humanitaire 2018 présenté en janvier. Pour faire bonne figure, le sous-secrétaire général aux affaires humanitaires, Mark Lowcok s’est dit satisfait : « Je ne pensais pas qu’on y arriverait », a-t-il déclaré en remerciant la vingtaine de pays à avoir répondu présents et, pour certains d’entre eux, comme l’Union européenne et les Etats-Unis, à avoir augmenté leurs contributions.

L’un de ses prédécesseurs, Jan Egeland, aujourd’hui à la tête du Conseil norvégien pour les réfugiés s’est montré moins diplomate. « Nous sommes déçus que si peu de pays aient envoyé un message d’espoir aux millions d’enfants, de femmes et d’hommes qui attendent de l’aide. Sans argent, nous ne pourrons tout simplement pas les secourir », a-t-il prévenu.

Conciliation

Les Nations unies, qui avaient organisé cette conférence des donateurs pour susciter un sursaut et sortir de l’oubli une crise qui touche plus de 13 millions de personnes, ont raté le rendez-vous. Le retrait du gouvernement congolais – en désaccord sur les chiffres avancés par l’ONU et refusant un siège de simple invité – a évidemment pesé. Comment aider un pays contre son gré ?

A l’instar de l’Union européenne, plusieurs bailleurs ont cependant affirmé leur volonté de placer au-dessus de tout les souffrances de la population congolaise et de ses millions de déplacés victimes des conflits au Kasaï, au Tanganyika, dans les régions du Kivu et dernièrement en Ituri. « Il ne s’agit pas de fausses informations mais de réalités vécues sur le terrain », a martelé le commissaire européen aux affaires humanitaires, Christos Stylianides.

Dans une nouvelle tentative de conciliation, les Nations unies ont proposé au gouvernement congolais de reprendre les discussions sur l’assistance humanitaire « quand et où » il le désirerait. De son côté, l’Union africaine a annoncé son intention de créer une agence humanitaire qui garantira aux Etats du continent « un rôle central » dans la réponse qui est apportée aux crises. Son représentant, Ajay Kumar Bramdeo, n’a pas indiqué comment elle serait financée.