« Momo et le messager du Soleil ». / © MARIE SASANO/KI-OON

Difficile de ne pas ressentir immédiatement de la sympathie pour Momo, jeune manchot rouge héros de manga pour enfants. D’abord par son allure rondouillarde et enjouée que sa créatrice Marie Sasano a symbolisée en l’affublant des joues rondes de l’enfance. Mais aussi par son caractère courageux et son indéfectible persévérance : Momo veut savoir voler et est prêt à affronter de multiples aventures pour y parvenir. « La notion d’effort est très importante pour moi et j’ai voulu la transmettre aux enfants. Quand on a un rêve, il ne faut pas l’abandonner, tout peut devenir possible », expliquait l’auteure en mars, lors d’un passage à Paris. Une philosophie qui a d’ailleurs réussi à la mangaka : Marie Sasano a multiplié les expériences comme assistante de grands mangakas de shojo – mangas destinés aux jeunes filles – avant de pouvoir travailler sur sa propre série.

« Momo et le messager du Soleil ». / © MARIE SASANO/KI-OON

Elle pensait d’ailleurs percer dans ce registre avant finalement de se décider à dessiner pour les enfants. Elle est repérée par le bureau japonais des éditions françaises Ki-oon à l’issue d’un concours de manga. « J’avais apporté des planches de shojo mais on m’a expliqué qu’en France ce genre était difficile à faire passer et nous avons discuté des autres possibilités. On m’a proposé de me lancer dans un manga pour enfants. Au Japon, il n’y a presque pas d’œuvres pour enfants en manga. » Si quelques BD japonaises pour les lecteurs à partir de 6 ans existent en France, elles sont accaparées par des histoires de chat. Marie Sasano s’est donc lancée sur les aventures du manchot Momo et de ses deux amis Noah, le lion pleurnichard et Lily une petite humaine, après avoir trouvé l’inspiration dans des émissions japonaises pour les tout-petits qu’elle regarde avec son fils de 4 ans.

« Il y a cette émission qui s’appelle “Avec ma maman” et qui contient plein d‘astuces pour faire passer des histoires auprès des enfants mais aussi des parents. On peut regarder en toute tranquillité d’esprit, ça nous faisait beaucoup rire, et je voulais essayer de faire la même chose. »

Dans le monde de Momo, les humains et animaux vivent en harmonie et les enfants naissent sous forme d’œufs tombés du ciel. Ces derniers peuvent choisir la forme sous laquelle ils souhaitent éclore quelle que soit l’espèce de leurs parents. Encore dans sa coquille, Momo est certain, il veut devenir un oiseau. Mais une fois sorti sous la forme d’un manchot, il découvre qu’il ne peut pas voler. Pour le consoler, un vénérable éléphant lui révèle un secret : il existerait, très loin de chez eux, un messager du soleil capable d’exaucer n’importe quel souhait. Dans son périple à la recherche du messager, il embarque Noah, qui aimerait devenir aussi fort que son père, et Lily qui – c’est franchement dommage – a choisi d’éclore comme jeune fille pour retrouver « un garçon qui est trop mignon ».

Marie Sasano lors de son passage au Salon du livre de Paris. / P. C. POUR « LE MONDE »

A la fois charmant sans être mièvre, Momo et le messager du Soleil est un album intéressant pour initier les enfants au manga. En dépit des dialogues simples et du sens de lecture occidental, comme il est de coutume pour ce genre de public, il pourra même également plaire aux lecteurs plus aguerris à la BD japonaise, notamment pour l’originalité de sa colorisation à la main qui donne deux à trois fois plus de travail à Marie Sasano et ses assistants que pour un manga classique en noir et blanc. Une tâche qui ne décourage pas la mangaka, aussi motivée que son personnage principal : « Lors des séances de dédicaces, certains enfants m’ont dit que c’était le premier manga qu’ils lisaient et je me dis que c’est extraordinaire. »

Momo et le messager du Soleil, de Marie Sasano, traduction de Géraldine Oudin, tome 1 le 22 mars, éditions Ki-oon, 160 pages, 9,65 euros.

« Momo et le messager du Soleil ». / © MARIE SASANO/KI-OON