Il suffit de peu de choses à Franck Scurti pour travailler : le souvenir des ­Mangeurs de pommes de terre, de Van Gogh, un chromo de soleil couchant, des grillages tordus, une tringle à rideau et une vieille table trouvées dans la rue, des emballages alimentaires, des bouts de bois, des boules de terre et tout ce qui encombre son atelier. Peu à peu, les éléments ­se mettent en place, et les métamorphoses commencent. Le vieux meuble est revêtu d’une cuirasse d’aluminium ­cuivrée luisante comme un miroir. Le filet à pommes de terre se change en résille d’or. Le contreplaqué griffé prend la forme d’une palette de peintre. Une planche cassée trouve exactement sa place. Par ces procédés empiriques et lents, Scurti ­obtient des sortes de reliquaires muraux et de sculptures-objets où s’inscrivent la mémoire de l’histoire de l’art et les ­stéréotypes de la publicité et du numérique. Très déconcertants au premier regard – ce qui est en soi bon signe –, ils ­révèlent ensuite leur véritable définition : ce sont des pièges où images et références se trouvent prises comme dans une glace invisible et indestructible.

« The Potato Eaters/Sunset Stories », de Franck Scurti. Galerie Michel Rein, 42, rue de Turenne, Paris 3e. Tél. : 01 42-72-68-13. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 19 mai.