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Contrairement à ce que dit l’adage populaire, il est possible de courir plusieurs lièvres à la fois. De talonner le sprinteur américain Usain Bolt sur la piste de sprint et de rendre, à l’heure, des devoirs universitaires.

Tel est le défi que s’est lancé Christophe Lemaitre, double médaillé olympique et étudiant au sein du diplôme universitaire (DU) « gestion de carrière du sportif de haut niveau » à ­l’université Savoie-Mont-Blanc (USMB). Chaque matin, le jeune homme de 27 ans suit ce cursus en formation continue avant de rejoindre le stade d’Aix-les-Bains (Rhône-Alpes).

« En tant que sportif, je dois répondre à beaucoup d’autres obligations, de l’entraînement aux sollicitations médiatiques, explique-t-il. Le DU s’adapte parfaitement à ces impératifs. Tout est ensuite une question ­d’organisation. »

Si Christophe Lemaitre prépare activement les Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, il est aussi conscient que sa carrière d’athlète prendra fin dans quelques années, lorsque son corps sera allé au bout de son extrême endurance. « Le DU me donne des pistes pour l’après, assure-t-il. Je suis très intéressé par le “community management”, par exemple. Par la façon de montrer le quotidien d’un sportif de haut niveau sur les réseaux sociaux. »

Des reconversions qui ont du sens

La formation continue peut ainsi constituer un rebond salutaire pour des profils atypiques de ­passionnés qui se consacrent des années durant à des carrières intenses. Roberto Pani a dansé en France pendant près de trente ans. Tour à tour interprète, répétiteur et assistant chorégraphe, cet Italien de 57 ans a repris le chemin de l’école pour donner une nouvelle impulsion à sa vie professionnelle.

Après être passé par une procédure de validation des acquis professionnels (VAP), afin de faire ­valoir son parcours auprès de ­l’université, il est désormais inscrit en formation continue en deuxième année de master de « création artistique : danse thérapie » à l’université Paris-Descartes, où il apprend à utiliser la danse et l’expression artistique comme outils thérapeutiques.

« Cette reconversion a du sens pour moi, affirme-t-il. C’est une manière de trouver une continuité. J’ai beaucoup de connaissances en danse à transmettre et j’ai envie d’aider les gens et leur permettre de s’exprimer. »

« Mes études en art-thérapie m’ont permis d’assumer financièrement mon quotidien et de faire un métier qui me passionne. »

Sportifs et artistes se tournent aussi vers la formation continue diplômante pour trouver davantage de stabilité. C’est le cas de Catherine ­Stoessel, artiste-peintre, qui s’est formée en « art-thérapie » à Paris-Descartes. « C’est très compliqué d’être artiste et d’en vivre pleinement, explique cette ancienne diplômée des Beaux-Arts de Paris. Mes études en art-thérapie m’ont permis d’assumer financièrement mon quotidien et de faire un métier qui me passionne. »

Après avoir soutenu une thèse dans cette discipline en novembre 2017, ­Catherine Stoessel pratique aujourd’hui dans des structures hospitalières et pénitentiaires, tout en continuant à peindre et à créer. « Cette autre approche de la création nourrit aussi mon travail en tant qu’artiste », affirme-t-elle.

Virus de l’entrepreneuriat

Mais la reprise des études peut également être l’occasion d’un changement total d’orientation pour ces étudiants singuliers. En arrivant à Paris, Joseph Greiner, roi des nuits new-yorkaises, ne pensait pas se retrouver deux années plus tard à la tête de Woojo, une start-up développant une application mobile de rencontres. Ce DJ américain s’était inscrit en formation continue au sein du MBA ­ « digital marketing strategy » de l’Ecole de management Leonard-de-Vinci, à Paris, dans l’objectif de s’installer en Europe et d’élargir son réseau.

« J’ai été pris par le virus de l’entrepreneuriat, s’amuse ­Joseph Greiner. Le MBA m’a permis de développer cet aspect de ma personnalité et d’y aller à fond… mais je continue tout de même de mixer à Paris le week-end ! »

Découvrez notre dossier spécial formation continue diplômante

Le Monde publie, dans son édition datée du jeudi 12 avril, un supplément dédié à la formation continue dipômante. Car le projet de loi « avenir professionnel », qui sera présenté le 27 avril en conseil des ministres, impose une nouvelle philosophie, celle de salariés en mouvement « tout au long de leur vie », pour qui les diplômes et certifications seront une garantie d’emploi.

Les différents articles du supplément seront progressivement mis en ligne sur Le Monde.fr Campus, rubrique Formation des cadres et Le Monde.fr Economie, rubrique Emploi/Formation.