Chris Ashton en train d’inscrire son 22e essai de la saison, samedi 14 avril, à Marseille. / BERTRAND LANGLOIS / AFP

Il y a quelque chose entre les Anglais et Toulon. Mais oublions le siège de la ville en 1793 et le jeune Napoléon Bonaparte aux prises avec la flotte britannique. Dans un passé plus récent, les supporteurs du Rugby club toulonnais ont appris à applaudir les sujets de Sa Majesté. D’abord Jonny Wilkinson, pour le standing de son jeu au pied (2009-2014). Aujourd’hui Chris Ashton.

Ashton, 31 ans, dispute sa première saison en France. Plutôt une réussite : samedi 14 avril après-midi, au Vélodrome de Marseille, le trois-quarts de Toulon s’est offert le premier essai de la victoire sur Montpellier (32-17). Son 22e essai de la saison, nouveau record en championnat de France, alors que s’achève à peine la 24e journée du Top 14.

Pas le plus compliqué, après une passe généreuse de Ma’a Nonu. Mais « Ash » se contrefiche de la manière « Je me lève, m’entraîne, me prépare pour franchir cette ligne [d’en-but]. […] Que je doive faire un ou cent mètres ne change rien pour moi, tant le plaisir procuré par un plongeon dans l’en-but est immense », expliquait-il dans un long entretien au magazine du Midi olympique, en mars.

Souvent, le plongeon est facultatif. La célébration a le don d’amuser ses partisans, et d’enrager le camp d’en face. « Ca participe au spectacle, se défend-il. Mais ce n’est en rien une forme d’arrogance. Si les gens sont offensés, c’est parce qu’ils supportent l’équipe adverse. »

« De camping en camping »

Exemple type : ce plongeon de mai 2017 contre Clermont, alors que l’Anglais portait encore le maillot londonien des Saracens. Ce jour-là, l’ailier remportait sa deuxième finale de Coupe d’Europe, battant au passage le record d’essais inscrits dans la compétition continentale : 37, soit un de plus que Vincent Clerc (ex-Toulouse), son nouveau coéquipier à Toulon cette saison.

Comme souvent, l’arrivée d’Ashton à Toulon avait été annoncée bien en amont, dès octobre 2016. L’ancien de Northampton et des Saracens a signé pour trois saisons dans le Var avec la perspective d’y finir sa carrière comme le fit Wilkinson. Fini de rêver à un retour en équipe nationale d’Angleterre, le XV de la Rose étant réservé aux joueurs restés au pays natal.

Toulon/Montpellier : Essai Chris Ashton
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Chris Ashton pourra ruminer son bilan avec l’Angleterre. Bien sûr, il y a ces 19 essais en 39 sélections et ce titre au Tournoi des six nations 2011. Mais peu d’autres joies collectives jusqu’à son éviction du groupe, juste avant cette Coupe du monde 2015 dont l’Angleterre s’est fait sortir dès le premier tour à domicile.

Aucun regret, donc, au moment de rallier la France. Un pays que le petit Chris connaissait déjà : « Au cours de mon enfance, avec ma famille, nous sommes venus au moins dix fois en vacances. Nous avons traversé le pays dans tous les sens allant de camping en camping. » Aujourd’hui, la mère du joueur vit « une semaine par mois » à Toulon, pour y voir fils, belle-fille et petite-fille.

Sans entrer dans des considérations salariales, le joueur voit un avantage significatif à sa venue en France : « Demandez à n’importe quel anglais ce qu’il aimerait importer de France, il vous répondra le soleil. » De quoi oublier le café français, « ignoble » au goût de l’Anglais.

Toujours en course avec Toulon pour jouer les futures phases finales du championnat de France, l’actuel quinziste avait déjà connu premier dépaysement dans ses jeunes années, et surmonté une autre forme de rivalité. Jusqu’à l’âge de 20 ans et son transfert de Wigan vers Northampton, il pratiquait le rugby à XIII, « frère ennemi » du XV qu’il pratique aujourd’hui.