Une femme dépose son bulletin de vote dans l’urne, dans un bureau de vote de la capitale Podgorica, le 15 avril 2018 au matin. / Risto Bozovic / AP

Dans les 1 214 bureaux de vote ouverts à 7 heures, près de 533 000 Monténégrins ont pu commencer à voter, le scrutin se terminant à 20 heures. Les premiers résultats du vote, suivi par près de 2 000 observateurs internationaux et locaux, sont attendus dimanche soir.

Le dirigeant historique du Monténégro, Milo Djukanovic, brigue dimanche la présidence de ce petit pays des Balkans candidat à l’Union européenne, moins de deux ans après avoir annoncé son retrait du pouvoir. Depuis 1991, M. Djukanovic, un allié de l’Occident, a été six fois Premier ministre et déjà une fois président (1998 - 2003). Il apparaît comme l’immense favori de ce scrutin qu’il peut même emporter dès ce dimanche, sans attendre le second tour du 29 avril, selon les sondages d’opinion.

Djukanovic a conduit le Monténégro à l’indépendance de la Serbie en 2006 puis à l’adhésion à l’Otan, effective depuis l’an passé au grand dam de Moscou mais aussi d’une partie des Monténégrins, en majorité slaves et orthodoxes. Aujourd’hui âgé de 56 ans, Milo Djukanovic entend désormais amener son pays à l’adhésion à l’Union européenne.

Peu de rivaux pour Djukanovic

Si cet économiste de près de 2 mètres l’emporte, le poste aujourd’hui honorifique de président redeviendra le siège réel du pouvoir. Son titulaire actuel, Filip Vujanovic, est un proche de Milo Djukanovic, membre de son parti des démocrates socialistes (DPS). Le Premier ministre Dusko Markovic, est un autre de ses obligés.

A Podgorica, la capitale, où vit plus du tiers de la population du pays, les affiches géantes de Djukanovic, « leader, homme d’Etat, président de tous les citoyens », se sont taillé la part du lion des panneaux publicitaires, laissant la portion congrue à ses six adversaires.

Une affiche électorale de Milo Djukanovic à Podgorica, au Monténégro, le 11 avril 2018. / STEVO VASILJEVIC / REUTERS

Son rival le plus sérieux est un homme d’affaires de 56 ans, Mladen Bojanic. Soutenu par les principales formations d’opposition, prorusses ou non, il est crédité d’environ un tiers des suffrages. Quant au seul candidat ouvertement prorusse, Marko Milacic, un journaliste de 32 ans, il ne recueillerait qu’environ 3 % des suffrages, selon les sondages d’opinion.

« Il y a le sentiment que la Russie comprend les limites de son influence sans renoncer à long terme », estime l’analyste Zlatko Vujovic, directeur du centre pour le suivi du scrutin, qui donnera dimanche soir les premiers résultats.

Les relations avec la Russie divisent

Milo Djukanovic semble d’ailleurs modérer sa rhétorique hostile au Kremlin, expliquant être prêt à « mettre en place des relations normales avec la Russie, si celle-ci est aussi prête à le faire ».

Les autorités judiciaires monténégrines ont accusé des institutions russes d’être derrière une tentative de coup d’Etat et même de projet d’assassinat de Milo Djukanovic, qu’elles affirment avoir déjoué en octobre 2016, ce que Moscou réfute.

Le leader de l’opposition monténégrine, le candidat Mladen Bojanic, lors d’un meeting à Podgorica le 12 avril 2018. / SAVO PRELEVIC / AFP

« L’opposition nous propose d’être une province russe » et défend « une politique rétrograde sur le mode de vie multiethnique au Monténégro », a toutefois accusé Milo Djukanovic, qui peut compter sur le soutien massif des minorités croate, albanaise et bosniaque qui pèsent pour 15 % du corps électoral.

De son côté, l’opposition l’a attaqué sur le poids de la criminalité organisée dans la société monténégrine, sur fond de règlements de comptes entre trafiquants. Elle l’accuse de longue date d’entretenir des liens avec les milieux criminels.

Dans un pays où le chômage dépasse 20 %, Milo Djukanovic s’est engagé à multiplier par deux en quelques années le salaire moyen, actuellement de 500 euros. Un engagement, a-t-il plaidé, qui ne pourra être tenu que si le Monténégro ne dévie pas de son chemin vers l’UE.

Dimanche, il devra faire face aux éternelles accusations de fraude électorale. Des journaux locaux ont déjà évoqué cette semaine des cas de présence sur les listes électorales de personnes décédées.