L'hémicycle du Sénat français, au sein du Palais du Luxembourg. / ROMAIN VINCENS / CC BY-SA 3.0

Le premier ministre Edouard Philippe a réuni, dimanche 15 avril au matin, les responsables de l’Assemblée et du Sénat, après les frappes occidentales menées dans la nuit de vendredi à samedi contre l’arsenal chimique du régime de Damas.

« Après la réunion d’information autour du premier ministre, un débat sera organisé comme je l’avais souhaité à l’Assemblée nationale lundi à 17 heures », a annoncé le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, sur Twitter. « Cela permettra au gouvernement de s’exprimer devant tous les députés et à tous les groupes parlementaires d’exprimer leurs positions, a-t-il aussi déclaré. Le premier ministre pourra présenter les opérations, mais également les initiatives diplomatiques de la France. »

La Constitution stipule, dans son article 35, que le gouvernement « informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention ». « Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote », ajoute l’article. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement.

Une intervention militaire très critiquée

L’intervention française n’a pas suscité d’union sacrée, de nombreuses voix critiquant cette action menée sans mandat de l’ONU. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, ou encore Laurent Wauquiez l’ont ainsi dénoncée. Le Parti socialiste, des personnalités comme Alain Juppé et Xavier Bertrand, ou encore l’UDI soutiennent, en revanche, cette opération.

Le chef de file des députés de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a rapporté à la sortie de la réunion avoir dit au premier ministre son « désaccord complet avec cette opération » et avoir souligné « le risque énorme pris d’un embrasement général dans la mesure où [la zone est] un nid de serpents ». Il a fustigé « l’état d’isolement de la France » et « l’arrogance monarchique » d’Emmanuel Macron, qui « a tracé des lignes rouges tout seul ». « On est devenu le shérif de la planète maintenant ? », s’est-il interrogé.

Le sénateur socialiste Patrick Kanner a jugé ces frappes « nécessaires », tout en émettant « des réserves » : « quel mandat international » pour les mener, et « quels moyens pour éviter toute forme d’escalade dans une région poudrière ? », s’est-il interrogé. A ses côtés, Valérie Rabault, nouvelle présidente du groupe PS à l’Assemblée, a souligné que la situation démontrait la nécessité d’« un socle d’une défense européenne ».

Pas de mandat de l’ONU

Le patron des députés Les Républicains (LR), Christian Jacob, a, pour sa part, soulevé deux points : la question de « l’objectif » et la finalité de l’opération, et le fait que « pour la première fois, la France n’intervient pas dans le cadre d’une résolution de l’ONU ». « Qu’adviendra-t-il si un autre membre du Conseil de sécurité s’affranchit d’une résolution de l’ONU ? », a-t-il interrogé.

François de Rugy, qui soutient cette action « militaire coordonnée, ciblée, limitée dans le temps », a dit devant la presse « comprendre qu’il n’y ait pas forcément unanimité sur un tel sujet ».

Le débat, lundi, permettra aux Français de voir « qui, parmi les parlementaires en France, fait preuve d’une grande mansuétude pour ne pas dire une grande faiblesse à l’égard de la Syrie de Bachar Al-Assad, mais aussi de la Russie », et « ce qu’ils feraient s’ils étaient aux responsabilités en pareilles circonstances », a ajouté le président de l’Assemblée nationale.