M. Comey a déclaré à la chaîne de télévision américaine ABC que sa décision d’annoncer que le FBI allait rouvrir l’enquête sur la manière dont Mme Clinton avait illégalement utilisé un serveur privé d’emails lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, onze jours avant l’élection, avait été motivée par la volonté de faire en sorte que l’élection attendue de la candidate démocrate soit perçue comme légitime par le public. / Ralph Alswang / AP

Il n’en fallait pas moins pour déclencher l’ire présidentielle. En révélant avoir imaginé avant l’élection de 2016 que la démocrate Hillary Clinton allait l’emporter, James Comey, l’ancien patron du FBI et bête noire du président américain, n’a pas manqué de s’attirer les foudres de ce dernier. Donald Trump lui a répondu dimanche matin dans une série de tweet furieux.

« Il prenait ses décisions en pensant qu’elle allait gagner, et il voulait un travail. Raclure ! », a notamment écrit le républicain sur son réseau social de prédilection, réutilisant une injure déjà proférée cette semaine contre l’ex-directeur de la police fédérale, qu’il a brutalement limogé en mai 2017.

« On se souviendra de James Comey le visqueux, un homme qui finit toujours mal et un détraqué (il n’est pas malin!), comme le PIRE directeur du FBI dans l’histoire, de loin! », a-t-il encore tweeté.

La raison de cette fureur du président ? Les commentaires de M. Comey à la chaîne de télévision ABC sur l’enquête du FBI sur l’usage par Mme Clinton d’un serveur privé d’emails lorsqu’elle était secrétaire d’Etat.

Rendre la victoire de Clinton plus légitime

L’ancien premier flic du pays a révélé que sa décision d’annoncer, onze jours avant l’élection, la réouverture de cette enquête avait été motivée par sa volonté de faire en sorte que la victoire attendue de la candidate démocrate soit perçue comme légitime par le public.

« Je ne me souviens pas d’avoir pensé cela consciemment, mais cela a dû être le cas, parce que je fonctionnais dans un monde où Hillary Clinton allait battre Donald Trump, et donc je suis sûr que ça a été un facteur », a-t-il déclaré selon des extraits de l’entretien rendus publics à l’avance. L’intégralité de l’interview doit être diffusée dimanche soir par ABC.

« Elle allait être élue présidente des Etats-Unis, et si je cachais » la réouverture de l’enquête « au peuple américain, elle serait vue comme illégitime dès que cela sortirait après son élection », a expliqué M. Comey, décrivant son état d’esprit de l’époque.

Ces déclarations rejoignent un passage de ses mémoires à paraître mardi. Dans ce livre, il écrit qu’il est possible que son souci de la légitimité de l’élection de Mme Clinton, alors donnée gagnante par les sondages et les observateurs, avait eu « plus de poids que si l’élection avait paru serrée ou si Donald Trump avait été en avance ».

Un portrait peu flatteur de Trump

L’ouvrage de 300 pages intitulé « A Higher Loyalty : Truth, Lies, and Leadership » (« Mensonges et vérités » pour l’édition française) dresse un portrait peu flatteur du milliardaire républicain, qui a multiplié cette semaine les coups de sang contre son auteur.

Les comptes-rendus des échanges entre les deux hommes, décrits par M. Comey comme dignes d’un rendez-vous mafieux, semblent avoir particulièrement déplu au président.

« Je n’ai jamais demandé à Comey sa loyauté personnelle. Je le connais à peine. Encore un de ses nombreux mensonges », a-t-il ainsi tweeté dimanche matin.

Hillary Clinton n’a pas encore réagi aux dernières révélations de M. Comey, elle qui avait expliqué croire que l’annonce de la réouverture de l’enquête sur ses emails, dans une lettre rendue publique, avait joué un rôle dans sa défaite à la présidentielle.

« Après la lettre de Comey, mon élan a été stoppé », avait-elle notamment déclaré à la radio publique NPR fin 2017. « Mes chiffres dans les sondages ont chuté, et nous avons lutté pour les faire remonter, et nous étions à court de temps. » A l’époque, la décision du chef de la police fédérale était apparue comme politique, d’aucuns se demandant même s’il n’était pas anti-Clinton.