Documentaire sur France 5 à 20 h 55

Marine Le Pen-Emmanuel Macron. Ce 3 mai 2017, l’affiche est, à plus d’un titre, inédite. Au-delà des programmes, le style des duellistes promet une confrontation électrique, sinon détonante. Sur ce point, le débat qui oppose, à trois jours du second tour de la présidentielle, les deux prétendants à l’Elysée, ne va pas décevoir. Mieux, il va offrir aux seize millions de téléspectateurs réunis devant leur écran un nouveau coup de théâtre, au terme d’une campagne qui n’en a pas été avare.

En effet, lors des deux heures d’affrontements, ils vont assister en direct au naufrage de la candidate du Front national qui, par sa stratégie agressive, ses outrances, son impréparation conduisant à des erreurs grossières – lui faisant confondre les dossiers SFR et Alstom –, va saborder une campagne jusqu’alors menée sans faux pas.

Après la débâcle de François Fillon, Bruce Toussaint a choisi de se pencher sur le parcours de Marine Le Pen pour ce deuxième numéro de « C’était écrit ». Plus précisément, il s’attache à retracer les dix derniers jours de campagne de la présidente du FN et à en décrypter « la mécanique cachée », par un utile jeu de retours en arrière.

La statue du commandeur

De sa victoire en demi-teinte le 23 avril à sa défaite le 7 mai, de ses multiples coups de barre à gauche – avec, notamment, sa visite surprise à l’usine Whirlpool d’Amiens – puis à droite – symbolisé par son alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France ! –, au risque de donner le tournis à ses électeurs, les différentes étapes de cette déroute sont scandées et commentées par les principaux protagonistes. A commencer par celui dont l’ombre, telle la statue du commandeur, n’aura cessé de planer – sinon de hanter – le parcours politique de la candidate : Jean-Marie Le Pen.

A travers ce nœud filial qui double le récit pour mieux l’éclairer, Bruce Toussaint analyse, entre autres, la tentative de dédiabolisation du parti qui a conduit à l’exclusion de son fondateur et par là même à un refroidissement avec la base, mais aussi la relation quasi fusionnelle entretenue avec Florian Philippot. Relation qui s’achèvera par une défaite, dont tous ici – ou presque –, entre fiel, rancœur et amertume, reconnaissent leur responsabilité.

C’était écrit : les dix derniers jours de Marine Le Pen, de Bruce Toussaint et Yannick Adam de Villiers (Fr., 2018, 90 min).