Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, veut « réduire l’incertitude planant sur le projet » d’extension de l’oléoduc Trans Mountain, récemment suspendue par l’entreprise pétrolière américaine. Il a annoncé dimanche 16 avril que le Canada était en « discussions financières » avec Kinder Morgan dans ce but.

L’Alberta et la Colombie-Britannique, deux provinces de l’ouest du pays, sont engagées dans un bras de fer autour du projet depuis plusieurs mois. Le premier ministre canadien a souligné que l’extension de cet oléoduc représentait un « intérêt stratégique vital » pour son pays, tout en assurant que celui-ci « sera construit ».

Le projet d’extension de Trans Mountain, qui prévoit le triplement de la capacité de l’oléoduc entre les sables bitumineux de l’Alberta et le port de Vancouver, fait face à l’opposition du gouvernement provincial de la Colombie-Britannique, des communautés autochtones et des groupes écologistes en raison de potentiels risques environnementaux.

« Arrangements financiers »

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, a répété qu’il poursuivra ses actions en justice pour empêcher l’extension sur son territoire. « Ma responsabilité est de défendre nos côtes et de défendre les intérêts des habitants de la Colombie-Britannique, et je le ferai jusqu’à ce que je ne sois plus premier ministre », a-t-il déclaré.

De leur côté, le gouvernement fédéral et l’Alberta ont entamé des « conversations très importantes » avec Kinder Morgan concernant des « arrangements financiers qui assureront que le projet soit mené à terme », a dit la Première ministre de cette province Rachel Notley. De plus, le chef du gouvernement fédéral a dit vouloir explorer « activement des voies législatives » afin de « renforcer l’autorité judiciaire du Canada » sur ce projet face au gouvernement de la Colombie-Britannique.

« Financer un projet voué à l’échec, l’imposer à une province, ne pas obtenir le consentement des Premières Nations et faire fi de la science est la recette idéale pour renforcer la crise actuelle », a pour sa part réagi dans un communiqué l’organisation écologiste Greenpeace suite à l’annonce de M. Trudeau.

Le projet de 7,4 milliards de dollars canadiens (4,8 milliards d’euros) du groupe américain Kinder Morgan est actuellement le seul pouvant à court terme permettre à l’industrie pétrolière de l’Alberta, troisième réserve d’or noir de planète, d’écouler sa production en augmentation croissante alors que le réseau canadien d’oléoducs est saturé.

Redoutant de nouveaux retards dans cette extension autorisée en 2016, Kinder Morgan avait suspendu début avril les travaux d’agrandissement de Trans Mountain, réclamant au gouvernement de la « clarté ». Le groupe américain s’est donné jusqu’au 31 mai pour s’entendre avec « les différentes parties » dans ce dossier et « permettre au projet d’avancer ».