Suppression du droit du sol, inscription de la « priorité nationale » dans la Constitution, fin du regroupement familial « sauf cas particulier »… Marine Le Pen a fait son entrée dans l’arène, lundi 16 avril, à quelques heures du coup d’envoi des débats sur le projet de loi asile immigration à l’Assemblée nationale.

« En politique, il n’y a pas d’effet placebo. Quand un texte est sans principe actif, il reste inopérant », a-t-elle lancé en introduction d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, pointant le « vide » du projet de loi porté par Gérard Collomb.

Les élus frontistes, eux, s’étaient alignés en nombre derrière de la députée du Pas-de-Calais – « pour faire autorité », souriait l’un de ses proches. Les députés frontistes Gilbert Collard, Louis Aliot, Sébastien Chenu, Ludovic Pajot, Bruno Bilde mais également le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier, et les maires d’Hénin-Beaumont Steeve Briois et de Fréjus, David Rachline, étaient en effet présents autour de la présidente du FN, venue présenter le contre-projet asile-immigration du parti d’extrême droite.

Des responsables qui s’étaient montrés moins assidus, et même absents, lors de l’examen du texte en commission. « Nous n’avons de leçon à recevoir de personne », a rétorqué Marine Le Pen, lundi, jurant que ses députés seraient « extrêmement présents » tout au long de la semaine de débats.

« Repénaliser l’aide aux clandestins »

Pour exister dans les jours à venir, les six députés frontistes ont déposé 70 amendements. Peu par rapport au millier qui sera défendu par l’ensemble des députés jusqu’à vendredi. Mais ils pourront dont s’appuyer sur un « contre-projet » en 46 « actions », intitulé « Stopper, proposer et agir ! » – ainsi qu’une proposition de loi constitutionnelle « sur le rétablissement de la maîtrise souveraine de la politique migratoire et la protection de la nationalité française ».

A la lecture, pas de grande surprise programmatique dans les propositions du parti d’extrême droite : suppression de l’aide médicale d’Etat – remplacée par un « fond urgence vitale quand le pronostic vital est engagé » ; fin du regroupement familial ; suppression du droit du sol et interdiction du communautarisme inscrites dans la Constitution ; renforcement des mesures de déchéances de nationalité ; fin de la binationalité (sauf accord bilatéral) ; solde migratoire à 10 000 ; interdiction de séjour à tout étranger condamné ; condition d’accueil des étudiants étrangers durcies ; demandes d’asile déposées à l’étranger…

Le Front national estime également que la discrimination en raison de la nationalité doit être supprimée du code pénal et « l’aide aux clandestins repénalisée ». Une disposition qui vise en particulier les associations venant en aide aux migrants en situation irrégulière, auxquelles il souhaite également couper les subventions.

Selon Marine Le Pen, son contre-projet doit répondre aux cinq enjeux qu’elle définit comme prioritaires dans le débat qui occupera l’Assemblée nationale jusqu’à vendredi soir : l’enjeu « sécuritaire » « il y a un lien irréfutable entre immigration et insécurité » – ; « civilisationnel » – « l’immigration porte atteinte à nos modes de vie » –, « financier », « humanitaire » et « sanitaire ».

Près d’une année après le second tour de la présidentielle, durant laquelle le FN s’est embourbé dans une crise interne rendant sa présidente inaudible dans l’opposition, Marine Le Pen mise comme souvent sur l’une des valeurs sûres du parti d’extrême droite pour revenir dans le jeu politique : l’immigration. L’agenda de la majorité lui en offre l’occasion.