A Luxembourg, lundi 16 avril. / Emmanuel Dunand / AP

Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne (UE), réunis lundi 16 avril à Luxembourg, avaient un menu chargé avec deux dossiers qui les divisent – la relation avec la Russie et l’éventuel aménagement de l’accord nucléaire iranien – et un autre qui semblait susceptible de dégager un relatif consensus, à savoir la Syrie, après les opérations militaires menées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni dans la nuit du 13 au 14 avril.

« L’UE et les Etats membres nous ont soutenus, l’Europe est une dans ce moment de grande gravité », a brièvement expliqué le chef de la diplomatie français, Jean-Yves Le Drian, moins disert que jamais.

Lui et ses collègues ont approuvé de très longues conclusions. S’ils sont unanimes pour condamner le recours à des armes chimiques, ils le sont beaucoup moins sur la nécessité et l’efficacité des frappes menées contre l’arsenal du régime de Bachar Al-Assad. En filigrane, la qualification de l’attitude de la Russie et son possible rôle dans une solution politique au conflit syrien ont aussi fait l’objet d’appréciations diverses de la part des Vingt-Huit.

Action « circonscrite »

Au sujet des bombardements, les ministres disent « comprendre » que les frappes américaines, françaises et britanniques étaient « des mesures spécifiques, avec l’objectif unique de prévenir d’autres utilisations d’armes chimiques ». Une formulation proche de celle utilisée dès samedi matin par plusieurs capitales. L’Irlande a exigé que l’on gomme du texte toute allusion à d’éventuelles autres actions militaires, et l’Italie a insisté sur le fait que cette action « circonscrite » ne pouvait être le début d’une escalade. Les Pays-Bas et la Belgique se montraient également très prudents, tandis que d’autres cultivaient leur habituelle neutralité.

L’entente a été en revanche de mise lorsqu’il s’est agi de répéter qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit syrien, mais qu’une solution politique était rendue encore plus difficile par les massacres dans la Ghouta orientale. Faute de mieux, les Vingt-Huit appellent la Russie, l’Iran et la Turquie à cesser leurs activités militaires et à faciliter l’accès des populations à l’aide humanitaire.

L’UE a répété par ailleurs son soutien à l’opposition syrienne dans « son engagement constructif » à la recherche d’une solution négociée au conflit. Elle estime que la lutte contre l’organisation Etat islamique n’est pas terminée, entend empêcher l’impunité pour tous ceux qui commettent des crimes contre l’humanité et refusera tout engagement dans une reconstruction du pays sans une transition politique « globale et inclusive ».

Des propos répétés de mois en mois, nécessaires mais visiblement sans portée réelle à ce stade.