Les services de l’Etat sont accusés depuis que le Canard enchaîné a révélé, début janvier, que leurs enquêtes préalables à la crise dans l’usine Lactalis contaminée de Mayenne n’avaient détecté aucune trace de salmonelle. Une représentante de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) de Mayenne s’en est défendue, mardi 17 avril, affirmant que les prélèvements faits par l’Etat de 2005 à 2017 dans l’usine Lactalis de Craon n’étaient pas destinés à trouver ces bactéries.

Elle s’exprimait devant la commission d’enquête parlementaire chargée de tirer les enseignements de l’affaire Lactalis, dans laquelle 37 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir consommé un produit infantile sorti de l’usine du groupe à Craon, en Mayenne.

Il y a eu « 16 interventions de 2005 à 2017 pour faire des prélèvements dans l’usine. Mais ces prélèvements n’ont pas visé la recherche d’agents pathogènes type salmonelles » car le plan national ne les avait pas retenus pour la catégorie des produits infantiles ; « ce n’était pas dans les instructions que nous avions », a détaillé Laurence Deflesselle, directrice départementale interministérielle adjointe de la DDCSPP.

Les recherches menées sous le pilotage de la répression des fraudes (DGCCRF) portaient sur les « teneurs en pesticide, en métaux lourds, des présences de mycotoxines, un type de contaminants beaucoup plus fréquents sur des produits secs », a précisé Mme Deflesselle.

Par ailleurs, « il y a eu un signalement par un consommateur de la présence de corps étranger, de type limaille de fer, en 2015. Cette alerte a entraîné une visite supplémentaire », a expliqué Mme Deflesselle.

« Aucun signal d’alerte »

Lactalis avait détecté par deux fois des traces de salmonelle dans l’environnement de l’usine lors de contrôles internes en août et en novembre 2017. Mais la législation n’oblige les industriels à prévenir les pouvoirs publics que lorsque des salmonelles sont retrouvées directement dans les produits.

« Je n’en ai jamais eu connaissance et aucun des deux chefs de service non plus », a affirmé Laurence Deflesselle, assurant n’avoir eu « aucun signal d’alerte » avant l’alerte lancée le 1er décembre par les autorités centrales.

En 2005 déjà, une épidémie de salmonellose était partie de cette même usine, qui n’appartenait pas encore à Lactalis. La même bactérie de type salmonella agona était en cause, et avait contaminé 146 nourrissons.

Le Sénat a d’ores et déjà fait des propositions pour l’amélioration de l’efficacité des contrôles sanitaires, comme rendre « obligatoire » l’information des pouvoirs publics lorsqu’un auto-contrôle détecte des salmonelles « dans l’environnement » de la production, mais aussi « clarifier » et « unifier » la responsabilité de l’exercice des contrôles sur un site de production.