Des étudiants accrochent une banderole à la grille de la faculté de Tolbiac, le 11 avril 2018. / KAMIL ZIHNIOGLU POUR LE MONDE

Le président de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne s’est alarmé, mardi 17 avril au matin, de la situation sur son site de Tolbiac bloqué et occupé depuis le 26 mars par des étudiants et des militants opposés à la loi modifiant l’accès à la fac : « J’ai du mal à le décrire [le site] tellement je suis consterné par l’état du centre, un vrai capharnaüm. La violence, la drogue, le sexe même. On me l’a dit, et je crois que c’est vrai, il se passe des choses qui sont indignes », a déclaré Georges Haddad sur le plateau de la chaîne d’information CNews.

A Tolbiac, se tiennent aussi, selon lui, « des fêtes, ce qu’on appelle les rave-parties : le vendredi soir, le samedi soir, des centaines de jeunes viennent festoyer au centre Tolbiac ». Qualifiant la situation de « pré-insurrectionnelle » et craignant « le pire », le président a affirmé « attendre désespérément que le centre soit évacué » par les forces de l’ordre : « J’attends l’intervention policière. (…) Vais-je être obligé de faire directement appel au ministère de l’intérieur ? »

Le 11 avril, M. Haddad avait demandé l’intervention de la police pour faire lever le blocage, notamment après la découverte de cocktails Molotov à Tolbiac. Mais la police a pour l’heure exclu une opération aussi sensible dans cette tour de 22 étages.

« Une particularité topographique à Tolbiac »

Lors de son entretien télévisé, dimanche, sur BFM TV, le chef de l’Etat Emmanuel Macron avait souligné l’existence d’« une particularité topographique à Tolbiac » : « C’est une tour. C’est presque plus dangereux [d’intervenir] que de ne pas intervenir. » Pour autant, « quand un président dit que son université est bloquée et que le blocage n’est pas majoritairement fait par des étudiants, j’assume totalement qu’il demande le recours aux forces de l’ordre », avait-il ajouté.

Emmanuel Macron avait aussi déclaré : « Dans toutes les universités où il y a des amphis paralysés et des violences inadmissibles, les étudiants sont souvent minoritaires. Ce sont des groupes et des “professionnels du désordre”, pour citer Audiard. Des groupes la plupart du temps violents qui mènent un projet politique dont la finalité est le désordre. »

Un report des examens évoqué

Lundi, le syndicat étudiant UNI, classé à droite, a annoncé le dépôt d’un nouveau recours visant la préfecture de police pour « libérer Tolbiac et permettre aux étudiants de pouvoir y passer leurs examens dans de bonnes conditions ».

Interrogé sur le montant des dégâts matériels, M. Haddad a estimé, mardi, qu’ils approchaient du million d’euros et dit craindre en particulier que « le matériel informatique soit pillé, dévasté ou détruit ». Il y a, selon lui, parmi les occupants « des bandits qui attendent le moment opportun pour dévaliser le centre ».

Quant aux partiels, Georges Haddad a indiqué que sa préférence irait « plutôt » à « un report, pour qu’on soit dans la sérénité ». « Les examens se passeront en bonne et due forme (…) il est hors de question de donner des diplômes en chocolat aux étudiants », a-t-il insisté, reprenant l’expression employée jeudi par le chef de l’Etat.