Dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le 15 avril. / DAMIEN MEYER / AFP

Autorités et zadistes de Notre-Dame-des-Landes parviendront-ils à renouer le dialogue ? La préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein, doit rencontrer, mercredi 18 avril à 14 h 30, une délégation d’occupants de la ZAD et les représentants d’associations opposées à l’aéroport dans l’espoir de trouver une « porte de sortie » au conflit, alors que se poursuivaient sur le site, et pour le neuvième jour, les opérations de la gendarmerie, dont le déblaiement des deux principaux axes routiers.

Cette reprise du dialogue, sur proposition de la préfète elle-même, a été confirmée quelques heures après la décision des occupants de l’accepter en souhaitant qu’elle ait lieu « au plus vite ».

« Le mouvement [d’occupation] a décidé hier [lundi] de répondre à la proposition de la préfète » d’un rendez-vous en préfecture d’ici à la fin de la semaine, ont déclaré plusieurs occupants de la ZAD mardi matin, alors que les autorités ont laissé jusqu’au 23 avril aux zadistes pour régulariser leur situation.

« Nous répondons à cette invitation, mais en posant clairement que cet ultimatum du 23, qui est un temps très très court, ce ne sont pas du tout des conditions pour un véritable dialogue. Cela ressemble plus à un couperet », a estimé une occupante, utilisant le prénom générique « Camille ». « C’est une sorte de chantage à la terreur. Il faut qu’on se donne plus de temps dans les négociations », a renchéri un autre occupant.

Les zadistes doivent « donner leurs noms »

Mais à la veille de cette rencontre, la préfète se montre ferme : dans un entretien à l’Agence France-Presse, elle a réaffirmé que les occupants de la ZAD devaient « donner leurs noms » et identifier d’éventuels projets agricoles ou para-agricoles avant le 23 avril, sous peine d’être expulsés :

« Je ne préjuge rien de la réunion de demain. S’ils viennent demain pour me dire on ne donnera pas nos noms, s’ils ne répondent pas ‘a minima’ à cette demande, le président de la République a été très clair, il y aura de nouveau des expulsions. »

Si aucun des zadistes ne répond à cette demande de l’Etat, une nouvelle opération d’ampleur visant tous les occupants illégaux pourrait avoir lieu, « car les seuls qui sont en situation régulière sont les quatre agriculteurs historiques qui ont demandé la rétrocession de leurs terres et ceux qui ont une convention d’occupation temporaire qui souvent exploitent les terres sans habiter là », a poursuivi Mme Klein.

Pour la représentante de l’Etat, il s’agit d’une « nouvelle chance » offerte aux occupants de la ZAD, qui doivent d’ici au 23 avril remplir une déclaration d’intention, a-t-elle rappelé. Ce formulaire « n’a aucune valeur juridique et ne crée pas de droits. Ce n’est pas un tri, c’est savoir le nom de la personne, où elle veut s’installer, ce qu’elle veut faire, ce qui paraît partout ailleurs quelque chose de possible », a-t-elle affirmé.

L’Etat ne refusera pas des coopératives ou des GAEC (groupements agricoles d’exploitation en commun) dans la zone de Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, mais « ce ne sera pas le Larzac, ça a été dit et redit », a redit la préfète.

« Un format trop individuel »

Les occupants ont fait parvenir à la préfète, quelques jours avant le lancement des opérations d’expulsions, une proposition de convention collective englobant environ 500 des 1 650 hectares de la ZAD, mais « il n’y avait pas un seul nom sur le projet », selon la représentante de l’Etat.

Aucun occupant de la ZAD n’avait « pour l’instant » rempli le formulaire de la préfecture, « de la même manière que personne n’avait souhaité signer des conventions individuelles » pour des baux agricoles temporaires avant l’opération d’expulsions sur la ZAD, a déclaré un occupant.

« Ce qu’on nous propose, c’est un format qu’on juge trop individuel. Il faut de la part de l’Etat une ouverture à des projets qui ne soient pas purement agricoles et qu’il y ait une possibilité, dans la manière dont seront passées les conventions, qu’il n’y ait pas de morcellement du territoire », a expliqué cet occupant. « Nous, on continue à défendre une vision collective, ce qui ne veut pas dire qu’on n’est pas prêts à avoir des cadres légaux, à être régularisés », a-t-il poursuivi.

Trois personnes condamnées

Sur le plan judiciaire, trois personnes ont été condamnées lundi par le tribunal correctionnel de Nantes à des peines de « cinq ou six mois » de prison avec sursis pour « violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique », lors d’une manifestation en soutien aux zadistes samedi à Nantes.

Sept autres personnes, interpellées dimanche dans la zone de Notre-Dame-des-Landes, doivent être jugées mardi après-midi en comparution immédiate devant les tribunaux de Nantes et Saint-Nazaire.

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