Barbara Bush en mars 2005 à Orlando, en Floride. / JASON REED / REUTERS

Son casque argenté était devenu sur le tard son panache, la signature d’une grand-mère de la nation pleine de bon sens, et de forte répartie lorsqu’elle le jugeait nécessaire.

Son long parcours involontaire dans les institutions américaines, principalement comme femme et mère de président – une exception partagée avec Abigail Adams, deux siècles plus tôt –, lui avait donné un sens politique aiguisé vérifié en 2016 lors de la défaite cuisante de son fils Jeb dans la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle. Deux ans plus tôt, elle avait en effet estimé que les Etats-Unis avaient eu « assez de Bush ». Les Américains ne l’avaient pas démentie.

Barbara Bush est morte mardi 17 avril, à son domicile de Houston, au Texas, à l’âge de 92 ans, selon un communiqué posté sur Twitter par le porte-parole de son mari, qui avait fait savoir, dimanche, qu’elle avait décidé d’arrêter son traitement médical.

« Après une récente série d’hospitalisations et après avoir consulté sa famille et ses médecins, Mme Bush a décidé de ne pas poursuivre son traitement médical et va se concentrer à la place sur des soins palliatifs », avait-il précisé, évoquant une santé « déclinante ».

Bonne famille de Nouvelle Angleterre

Née le 8 juin 1925 dans l’Etat de New York, Barbara Pierce appartient à une bonne famille de la Nouvelle Angleterre dont les racines remontent jusqu’à l’arrivée des premiers colons.

Sa vie prend un tour définitif dès ses 16 ans, lors d’un bal de fin d’année, où elle rencontre George H. W. Bush, fils de patricien et sportif émérite, tout comme elle. Leurs fiançailles sont à peine prononcées que leur histoire subit l’épreuve de la guerre dont son futur mari revient en héros. Puis c’est le départ pour l’ouest du Texas, à Midland, où le futur président se lance avec succès dans l’exploitation pétrolière. Barbara élève les six enfants qui accompagnent l’aventure texane marquée tragiquement par la mort à trois ans de la cadette, Robin, d’une leucémie.

En 1964, le couple Bush découvre la politique par une défaite pour un siège de sénateur. Une élection comme représentant du Texas permet toutefois à George H. W. Bush de prendre à la fois sa revanche et son essor, dans lequel sa femme devient vite une alliée indispensable.

Les postes prestigieux s’enchaînent au début des années 1970, aux Nations unies (ONU), comme ambassadeur, à la direction du Parti républicain, et à Pékin, où les Etats-Unis ne disposent pas encore d’ambassade. Barbara Bush éprouve plus de difficultés lorsque son mari prend la direction de la CIA, un poste qui ne laisse pas de place pour le partage et qui lui vaut une brève dépression.

Relations souvent électriques avec Nancy Reagan

En 1980, après la victoire du ticket composé par Ronald Reagan et son mari, Barbara Bush devient Seconde Lady des Etats-Unis, une fonction dans laquelle elle s’illustre par son activisme dans le combat contre l’illettrisme et la dyslexie dont a souffert son quatrième enfant, Neil.

Loin du style flamboyant de Nancy Reagan, avec laquelle les relations sont souvent électriques, Barbara Bush installe une image solide et rassurante. Après l’élection de son mari comme 41e président des Etats-Unis, en 1988, elle devient cette First lady sans façon, dédaignant les grands couturiers, qui plaît aux Américains.

Un atout incontestable pour George W. H. Bush, mais cependant une femme restée à la place longtemps réservée aux épouses. Leur couple traditionnel a dû mal à faire rêver face à la machine Clinton qui leur fait face en 1992. La défaite renvoie le couple au Texas et aux villégiatures estivales à Kennebunkport, dans le Maine, la propriété historique des Bush.

Popularité

La politique n’en a pourtant pas fini avec eux. Contre l’avis de Barbara, ses fils aîné et benjamin, George W. et Jeb, s’y lancent en 1996, pour la même fonction de gouverneur au Texas et en Floride. La défaite du second modifie l’ordre de succession imaginé par son mari et la victoire sur le fil du fils longtemps prodigue à la présidentielle de 2000, permet à Barbara de revenir ponctuellement à la Maison Blanche.

Le bilan calamiteux de « W » et son retrait de la politique au terme de son second mandat ne dissuadent pourtant pas son frère de tenter lui aussi sa chance, malgré les avertissements de sa mère. Après s’être ravisée manifestement par amour maternel, Barbara accompagne une dernière fois la campagne d’un Bush, en 2016, son mari étant immobilisé par la maladie, un Parkinson qui le cloue sur un fauteuil roulant. Son apparition lors des primaires du New Hampshire, à 91 ans, lui permet de vérifier sa popularité, mais elle sera d’aucun secours pour son fils. La dynastie avait touché ses limites.