Plusieurs voitures brûlées durant les échauffourées dans le quartier du Mirail, à Toulouse, mardi 17 avril. / ÉRIC CABANIS / AFP

Un jeune homme de nationalités espagnole et marocaine a été condamné mercredi 18 avril à six mois de prison, dont trois avec sursis, sans mandat de dépôt, pour avoir participé aux échauffourées dans le quartier du Mirail à Toulouse, où il réside.

Le tribunal correctionnel de Toulouse, qui le jugeait dans le cadre d’une comparution immédiate, a été plus clément que le parquet, lequel avait requis huit à douze mois de prison ferme avec délivrance d’un mandat de dépôt à l’audience.

Le jeune émeutier de 18 ans était poursuivi pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique », « dégradations », et « participation à un groupement en vue de la préparation de violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ».

Dans son réquisitoire, le procureur, Patrice Michel, s’est montré très virulent. « Notre société est en péril. Ce n’est pas normal ce qui se passe », a-t-il affirmé, fustigeant les violences contre les pompiers et les policiers et « ces millions de dégâts », avec des dizaines de voitures et de containers poubelles incendiés.

Finalement pas de couvre-feu

Mercredi, le maire Les Républicains Jean-Luc Moudenc a assuré que « la situation [était] sous contrôle ». La municipalité a finalement renoncé à prendre l’arrêté de couvre-feu pour mineurs dans les quartiers qui sont le théâtre des violences.

« Le travail de dialogue d’hier [mardi] après-midi avec les habitants (…), avec les services de la mairie et la préfecture, ainsi que l’annonce d’un éventuel couvre-feu semblent porter leurs fruits », a-t-il ajouté dans une déclaration écrite. M. Moudenc a ainsi relevé :

« Les événements de la nuit passée [de mardi à mercredi] sont sans commune mesure avec ceux des deux nuits précédentes. Les parents ont compris que les enfants n’ont rien à faire dehors la nuit dans ce contexte de violence urbaine. (…) Après avoir échangé avec la préfecture, il semble que la situation est sous contrôle grâce au professionnalisme des forces de l’ordre. Pour ces raisons, je ne prendrai pas ce [mercredi] soir un arrêté interdisant la circulation de mineurs la nuit. »

La piste n’est cependant pas totalement écartée. « Au regard de la fragilité du contexte, je me réserve cette éventualité si la situation devait s’aggraver à nouveau. Je n’hésiterais pas, alors, à prendre mes responsabilités pour protéger les plus jeunes, instrumentalisés par des plus âgés », a précisé le maire.

Situation « très fragile »

Mardi soir, la municipalité avait fait savoir qu’elle étudiait, avec la préfecture, « les conditions juridiques pour établir un arrêté de couvre-feu qui viserait les personnes mineures dans le périmètre des quartiers où ont lieu les violences urbaines » dans le Grand Mirail, immense ensemble d’immeubles où vivent 40 000 personnes, en proie à de nombreux trafics de drogue et des règlements de comptes.

Cinq personnes ont été interpellées dans la nuit de mardi à mercredi dans les quartiers du Mirail à Toulouse durant laquelle plusieurs véhicules et des containers poubelles ont été incendiés, a annoncé mercredi le préfet de Haute-Garonne. Dix-huit hommes avaient déjà été arrêtés lundi soir.

« Les incidents ont connu une moindre intensité que les nuits précédentes dans les quartiers de La Reynerie et de Bagatelle [deux quartiers du Grand Mirail] même si des individus s’en sont pris une nouvelle fois de façon violente aux forces de l’ordre et aux véhicules des habitants du quartier », a souligné le préfet, Pascal Mailhos, dans un communiqué.

Selon le préfet, « la situation demeure très fragile dans les quartiers du Mirail ». « Les forces de l’ordre resteront massivement présentes dans les jours à venir pour éviter toute reprise des incidents », a-t-il insisté.

Cette troisième nuit de violences urbaines fait suite à la mort, samedi, probablement par suicide, d’un détenu originaire du Mirail et l’interpellation, dimanche, d’une femme en burqa, qui sera jugée en mai pour « rébellion, outrage et menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique ».