Le patron de la CIA – et secrétaire d’Etat désigné – Mike Pompeo a été envoyé par le président Donald Trump lors du week-end de Pâques (1er avril) pour rencontrer Kim Jong-un, le leader nord-coréen. C’est ce qu’a révélé le Washington Post, mardi 17 avril, sur la foi de sources concordantes. Le voyage a eu lieu après que M. Pompeo a été désigné secrétaire d’Etat.

Cette information, non confirmée officiellement mais reprise par toute la presse, est cohérente avec les propos tenus par M. Trump, mardi, lors d’un point presse avec le premier ministre japonais Shinzo Abe, qu’il recevait dans son golf de Mar-a-Lago, en Floride :

« Nous avons eu des discussions directes à un très haut niveau, à un niveau extrêmement élevé avec la Corée du Nord. »

L’affaire rend de plus en plus probable la rencontre des deux dirigeants. « Nous allons organiser des rencontres avec Kim Jong-un très rapidement. Ce sera probablement début juin ou un peu avant, en supposant que les choses aillent bien », a déclaré le président américain. Le lieu de la rencontre n’est pas précisé. « Nous envisageons cinq lieux différents, a précisé M. Trump. Je crois vraiment qu’il y a beaucoup de bonne volonté. Nous verrons ce qu’il advient, comme je dis toujours. Car à la fin, c’est le résultat qui compte. »

Les contacts ont été noués par la voie des services secrets, entre la CIA et son homologue nord-coréen, le Bureau de reconnaissance générale. Ils sont aussi passés par les services sud-coréens, notamment par leur patron, Suh Hoon, qui aurait transmis l’invitation de Kim Jong-un à Donald Trump. Ce contact entre Kim Jong-un et M. Pompeo serait la rencontre de plus haut niveau, depuis que Madeleine Albright, secrétaire d’Etat de Bill Clinton, avait rencontré Kim Jong-il, le père de Kim Jong-un, en 2000, pour discuter stratégie.

Le rôle de Séoul est décisif

Kim Jong-un avait effectué, avant la rencontre avec M. Pompeo, une visite sécrète à Pékin, les 26 et 27 mars. Accompagné par son épouse, il avait rencontré le président chinois Xi Jinping. L’annonce n’avait été faite qu’après le départ de M. Kim dans son train blindé. Cette visite suggérait que la Corée du Nord cherchait le parrainage ou les conseils de son grand voisin sur l’attitude à adopter vis-à-vis de Washington.

« Il y a eu cette année des changements prometteurs dans la situation de la péninsule coréenne et nous faisons part de notre satisfaction face aux efforts majeurs que la Corée du Nord a fait à cet égard », avait déclaré Xi Jinping, à l’issue de la visite, selon l’agence Xinhua. Selon le résumé de la rencontre faite par l’agence chinoise, Kim Jong-un a tenu à ses homologues chinois des propos ouverts :

« Si la Corée du Sud et les Etats-Unis répondent avec bonne volonté à nos efforts de créer une atmosphère de paix et de stabilité, et prennent des mesures coordonnées et synchronisées pour atteindre la paix, le dossier de la dénucléarisation de la péninsule peut trouver une résolution. »

Lors de sa récente audition par le Sénat, M. Pompeo s’était dit « optimiste que le gouvernement des Etats-Unis puisse créer les conditions appropriées pour que le président et le leader nord-coréen puissent avoir cette conversation, qui nous dirigerait vers l’obtention d’un résultat diplomatique dont l’Amérique et le monde ont si désespérément besoin ».

Le rôle de Séoul est décisif. « La Corée du Sud a des projets de rencontre avec la Corée du Nord pour voir s’ils peuvent mettre fin à la guerre. Et ils ont ma bénédiction à ce sujet », a indiqué M. Trump, signalant que « les gens ne réalisent pas que la guerre de Corée ne s’est pas terminée ». Selon la presse sud-coréenne, Séoul et Pyongyang prépareraient une annonce pour réduire les tensions. Les observateurs estiment que les Corées voudraient un plan global qui garantisse la sécurité de la Corée du Nord et un traité de paix en échange de la dénucléarisation de la péninsule

« Pression maximale »

Le premier ministre japonais, qui est sur une ligne dure dans ce conflit, veut une solution qui permette de mettre son pays à l’abri des tirs de missile nord-coréens et qui intègre la question des Japonais enlevés par la Corée du Nord – à l’automne 2017, M. Trump avait rencontré sur l’Archipel des familles de personnes enlevées.

A Mar-a-Lago, M. Abe s’est réjoui du fait que « les Etats-Unis et le Japon ont tous deux fait preuve de leadership pour appliquer une campagne de pression maximale contre la Corée du Nord, qui a conduit Pyongyang à ouvrir le dialogue avec nous. Il est donc équitable de dire que notre approche fut la bonne, couronnée de succès », a déclaré le chef du gouvernement nippon, saluant le « courage de Donald Trump dans sa décision de rencontrer le leader nord-coréen ».