Le campus universitaire de Niamey, le plus important du Niger, a été fermé mercredi 18 avril « jusqu’à nouvel ordre », après une violente manifestation des étudiants qui protestaient notamment contre l’exclusion de cinq de leur camarades en mars, a annoncé le gouvernement. « Le campus est fermé jusqu’à nouvel ordre à compter de ce jour 18 avril 2018 », a indiqué le ministère nigérien de l’enseignement supérieur. Les activités académiques vont néanmoins « se poursuivre » et le restaurant universitaire restera ouvert, a expliqué à l’AFP une source du rectorat.

Des heurts ont opposé mercredi matin les forces de l’ordre à des étudiants de l’université faisant plusieurs blessés, selon les protestataires. L’université de Niamey avait été paralysée par une grève d’un mois des enseignants qui protestaient contre « l’agression » le 7 février dernier d’un des leurs par des étudiants. Les enseignants avaient mis fin à leur mouvement le 17 mars, après avoir obtenu l’exclusion de cinq étudiants et le recours aux forces de l’ordre pour sécuriser le campus.

« Un calme précaire »

Les étudiants avaient évoqué une « altercation mineure » et non une agression. Jugeant ces exclusions « injustes, disproportionnées, illégales et arbitraires », ils avaient entamé un mouvement de grève.

« Les affrontements entre les deux camps [étudiants et forces de l’ordre] sont violents autour et à l’intérieur du campus universitaire », a rapporté à l’AFP un habitant de Lamordé, un quartier proche de l’université. « Nous avons barricadé la voie qui passe devant le campus [et qui mène à la rive droite du fleuve Niger] puis les forces de l’ordre ont fait irruption sur le campus et il y a beaucoup de blessés parmi nos camarades », a déclaré à l’AFP Salha Kaïla, un dirigeant du syndicat de l’Union des étudiants nigériens à l’université de Niamey (Uenun).

« Certains blessés sont entre la vie et la mort » et ont été évacués au Centre hospitalier universitaire (CHU) à Lamordé, a-t-il expliqué au téléphone. « Pour l’instant (…), il y a un calme précaire ». « On a dénombré une quinzaine de blessés dont la plupart sont sévèrement atteints au ventre ou à la tête par des douilles ou éclats de grenades lacrymogènes », a précisé à l’AFP le cameraman d’une télévision privée. « L’accès au CHU nous a été interdit pour filmer les blessés », a-t-il dit.

Une « trêve » décrétée par les étudiants

L’AFP n’a pas pu joindre les responsables du CHU pour vérifier ces informations. Le secrétaire général de l’Uenun, Sita Diabiri, avait affirmé mardi à l’AFP que les cours avaient repris depuis quelques jours à l’université à la faveur d’une « trêve » décrétée par les étudiants pour « donner une chance aux négociations avec le gouvernement ».

M. Diabiri a indiqué que leur « principale revendication » était « la réhabilitation de cinq étudiants exclus » en mars de l’université, dont lui-même. Mais que celle-ci n’était pas « encore satisfaite » après une série de grèves. Les étudiants demandent également « l’abrogation » d’une décision du rectorat autorisant les forces de l’ordre à assurer la sécurité sur le campus, en lieu et place de l’Uenun.

Le président Mahamadou Issoufou a promis début mars dans un entretien à la télévision publique que « le gouvernement veillera à ce que le calme revienne à l’université en rapport avec tous les acteurs ».