Les étudiants dans la manifestation syndicale parisienne, jeudi 19 avril. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Plusieurs centaines d’étudiants se sont joints à la manifestation syndicale parisienne, jeudi 19 avril, pour dire leur refus de la sélection à l’université et leur opposition à la politique du gouvernement, aux cris notamment de « Grève générale jusqu’au retrait total ! ». Des pancartes signalaient la présence d’étudiants des universités Paris-VIII et Nanterre et du campus de Tolbiac de Paris-I, où les blocages se poursuivent, ainsi que d’écoles telles que Sciences Po, l’EHESS ou l’Inalco. « La sélection mise en place dans cette réforme ne marchera pas. Il y a même des présidents d’université qui refusent de sélectionner, car ils n’ont pas les moyens d’appliquer la réforme », explique Marika, étudiante en lettres modernes sur le site de Clignancourt de l’université Pari-IV, en distribuant des barres de chocolat recouvertes d’un papier « partiel » : les propos du chef de l’Etat au 13 Heures de TF1, selon lesquels il n’y aurait pas d’« examens en chocolat » ont inspiré les manifestants. « Des examens en chocolat ! Et des frites à la cantine ! », ironisait une pancarte. « Politistes, maîtres chocolatiers depuis 1968 », annonçait une autre.

Dans le cortège, un ballon orange « Sciences Po en lutte » servait de ralliement à plusieurs dizaines d’élèves de l’école de la rue Saint-Guillaume, bloquée depuis mardi soir. Parmi les slogans : « Macron, t’es foutu, même Sciences Po est dans la rue ! » « Parce qu’on est dans une école sélective, on sait ce que ça fait », explique Charlotte, étudiante en master, en évoquant la hausse des frais de scolarité qui « pénalise les élèves des classes moyennes » ou le soutien aux enseignants vacataires payés à la fin du semestre, et la situation des doctorants et des jeunes docteurs « qui attendent 35 ans pour avoir un poste ». « On se bat pour les autres aussi, pour leurs conditions d’études et contre une politique qui fragilise les plus faibles, les services publics et l’enseignement supérieur et la recherche », ajoute-elle. Son collègue Victor défend « la convergence avec les salariés : en 2006, ce sont les étudiants qui ont contesté le CPE ». « So, so, solidarité avec les cheminots et les hospitaliers ! », clament les jeunes autour.

« Ce n’est pas notre première manifestation, expliquent deux étudiantes de Paris-III. On ne sait pas si l’Assemblée générale décidera la reprise des cours lundi. Nous n’avons pas d’inquiétude, il doit y avoir un moyen de valider l’année puisque nous avons eu des notes toute l’année… ». « On ne peut pas reporter les examens, car nous, cet été, on doit travailler. Mais il ne faut pas penser qu’à soi. Si la mobilisation peut améliorer les choses… », disent-elles.

« Malgré les vacances des universités et des lycéens, la participation se maintient au même niveau qu’aux manifestations précédentes. Emmanuel Macron a montré son mépris à plusieurs occasions en refusant de discuter avec la jeunesse ou en déclarant que des personnes plus âgées étaient à l’origine de la mobilisation. Or, on a vu ensuite que la présence des étudiants était massive en AG [assemblée générale] à Nanterre », réagit Abdoulaye Diarra, vice-président de l’UNEF, appelant le chef de l’Etat à « ouvrir les discussions pour un autre projet de loi ».