Brillamment diplômé ? Nouvellement embauché ? Plus rien à prouver ? Pas si vite ! La vie professionnelle n’est pas un long fleuve tranquille. Il va falloir ­entretenir votre valeur sur le marché, vous former tout au long de votre vie professionnelle, valider les futures compétences acquises au fil du temps par l’obtention de nouvelles ­certifications…

«Vous devrez bouger, car tout bouge, le monde et les entreprises»

Ce n’est rien moins que le vice-président de la commission ­­for­ma­tion et insertion profes­sionnelle de la Conférence des présidents d’université (et administrateur général du Conservatoire national des arts et ­métiers), Olivier Faron, qui le conseille.

« Bravo pour votre ­diplôme d’aujourd’hui, mais ­pensez à ­demain, prévient-il. Pensez au compte personnel de formation [CPF], car, dans dix, quinze ou vingt ans, vous devrez bouger, car tout bouge, le monde et les entreprises. Le CPF sera le vecteur de ­votre ascenseur social et, en partie, le garant de votre qualité de vie. Il favorise l’individualisation des parcours et est ouvert à différents statuts. Il va s’imposer comme un outil central dans la formation et la gestion des talents. »

Compte personnel de formation ? Ce CPF, créé en 2014, est ­actuellement l’objet d’une ­réforme qui vise à lui donner une nouvelle dimension. Tout salarié ou demandeur d’emploi peut l’activer, et 270 000 salariés ont d’ores et déjà suivi une formation par son intermédiaire. Mais, le 5 mars, Muriel Pénicaud, la ministre du travail, a annoncé une réforme de la formation professionnelle, dont le CPF est un élément, et chacun a tout intérêt à en saisir l’importance.

5000 euros sur dix ans

Un projet de loi devrait ainsi être présenté en conseil des ­ministres, le 27 avril, et les décisions importantes qu’il porte ­devraient être adoptées par le Parlement d’ici à l’été ou en septembre. Il va changer beaucoup de choses.

Tout d’abord, tous les salariés verront leur CPF crédité de 500 euros par an (financés par un impôt payé par les entreprises) pour « choisir leurs formations en toute liberté », promet Muriel Pénicaud.

Au bout de dix ans, ce crédit CPF atteindra 5 000 euros, son plafond. Pour les salariés en CDD, le compte sera crédité prorata temporis. Pour les personnes sans qualification, le crédit sera de 800 euros par an, plafonné à 8 000 euros. « Le CPF permettra à tous de rapidement évoluer professionnellement », ­assure la ministre.

Les mêmes droits pour les temps partiels

Ensuite, tous les salariés à temps partiel, qui sont en très large majorité (80 %) des femmes, bénéficieront des mêmes droits que les salariés à temps plein.

Enfin, une application ­mobile sera créée pour aider chacun et chacune dans la gestion de son CPF. Elle permettra de connaître les droits acquis sur son compte, les différentes formations certifiantes proposées dans son bassin d’emploi ou sa région, et les dates de session des différentes formations, précise la ministre.

Un accès aux diplômes

Toute personne intéressée pourra ainsi « choisir sa formation en connaissant le taux d’insertion dans l’emploi à l’issue de cette dernière, le salaire prévisionnel à l’embauche et la différence de coût entre des formations similaires », explique-t-on au ministère – mais également en connaissant « les commen­taires laissés par les anciens ­salariés et demandeurs d’emploi formés » ! Il ne restera plus qu’à s’inscrire à la formation et à la payer directement, sans validation administrative.

L’impact de ce changement ­risque d’être puissant, et l’accès aux certifications qu’il offre ­(diplômes de l’éducation nationale, titres de tous les autres ­ministères, certifications spécifiques de branches profession­nelles…) va créer un appel d’air sur le diplômant au sens large.

A noter que toutes les formes d’apprentissage seront encouragées, aussi bien les cours en présentiel classiques (amphi, TD, etc.) que les formations à distance (MOOC, e-learning, classes virtuelles…). L’important est de fluidifier l’accès à l’apprentissage et aux certifications.

Contreparties

Mais attention ! En contrepartie des opportunités offertes aux salariés par le futur CPF, les ­entreprises attendent qu’ils ne restent pas les deux pieds dans le même sabot…

« Le nouveau CPF est axé sur plus d’initiative et d’auto­nomie : les jeunes diplômés auront tout intérêt à élargir leurs compétences initiales en n’hésitant pas à se former régulièrement via leur CPF, conseille Christophe Chollet, responsable des politiques de financement de formation à la direction des ressources humaines d’Orange. Tous les projets de mobilisation de ce nouveau droit, dans le cadre de développement de compétences au bénéfice du salarié et de son entreprise, seront particulièrement bienvenus. »

Les jeunes diplômés prochainement ou nouvellement embauchés ont donc tout intérêt à prendre l’habitude d’utiliser leur CPF, et à négocier avec leur ­employeur des financements complémentaires.

Découvrez notre dossier spécial formation continue diplômante

Le Monde publie, dans son édition datée du jeudi 12 avril, un supplément dédié à la formation continue dipômante. Car le projet de loi « avenir professionnel », qui sera présenté le 27 avril en conseil des ministres, impose une nouvelle philosophie, celle de salariés en mouvement « tout au long de leur vie », pour qui les diplômes et certifications seront une garantie d’emploi.

Les différents articles du supplément sont progressivement mis en ligne sur Le Monde.fr Campus, rubrique Formation des cadres et Le Monde.fr Economie, rubrique Emploi/Formation.