Prince en juin 1990. / BERTRAND GUAY / AFP

La justice américaine a fait savoir, jeudi 19 avril, qu’elle n’engagerait pas de poursuites pénales au terme de l’enquête sur les circonstances de la mort de Prince, faute d’avoir pu établir comment il s’était procuré l’analgésique qui a provoqué sa mort.

Le chanteur est mort à 57 ans le 21 avril 2016, victime d’une overdose de fentanyl, un analgésique très puissant, qu’il avait ingéré par erreur.

« Sans mobile et sans suspect identifié », la justice américaine « ne peut pas engager des poursuites pénales relatives à la mort de Prince », a déclaré, lors d’une conférence de presse, Mark Metz, le procureur du comté de Carver, dont dépend Paisley Park, la résidence du chanteur, non loin de Minneapolis.

La mort non causée par des médicaments prescrits

Parallèlement, le ministère de la justice américain a annoncé jeudi un accord amiable avec Michael Todd Schulenberg, le médecin qui avait traité Prince deux fois avant sa mort.

Celui qui avait admis avoir prescrit une ordonnance d’antidouleur Percocet à un proche du chanteur, tout en sachant que les médicaments lui étaient destinés, a accepté de verser 30 000 dollars d’amende à la justice américaine.

Il s’est également engagé à se soumettre à des contrôles renforcés durant les deux prochaines années, lesquels permettront de suivre ses prescriptions de médicaments sur ordonnance.

Mark Metz a rappelé, lors de la conférence de presse, que l’enquête avait établi que les médicaments prescrits par le Dr Schulenberg n’étaient pas à l’origine de la mort du musicien.

Une boîte de médicaments contrefaits contenant du fentanyl

Selon l’enquête, Prince est entré en possession d’une boîte de médicaments contrefaits, présentés comme du Vicodin, nom commercial américain de l’hydrocodone, un antidouleur opiacé.

Mais les pilules contenaient également du fentanyl, considéré comme 30 à 50 fois plus puissant que l’héroïne et 50 à 100 fois plus puissant que la morphine, selon l’Agence américaine de lutte contre les stupéfiants (DEA).

Les opiacés de synthèse, dont fait partie le fentanyl, pèsent pour beaucoup dans la crise de santé publique que connaissent les Etats-Unis depuis plusieurs années. Selon les centres américains de prévention des maladies (CDC), les opiacés ont joué un rôle dans la mort de 42 249 personnes aux Etats-Unis en 2016. « Rien, dans le dossier, ne suggère que Prince a pris du fentanyl en connaissance de cause », a déclaré Mark Metz.

Douleur chronique à la hanche

Plusieurs personnes de son entourage, notamment la chanteuse et batteuse Sheila E., ont témoigné que l’accumulation des concerts avaient atteint physiquement le chanteur. Bête de scène, portant systématiquement des chaussures à talon, Prince avait pour habitude de sauter en concert du haut des parties surélevées, ce qui lui aurait notamment causé une douleur chronique à la hanche.

Habitué aux antidouleur, celui qui fut appelé, un temps, « Love Symbol » était conscient de souffrir d’une forme d’addiction et avait démarré un traitement de sevrage peu avant sa mort.

Le fait que le procureur n’ait pas procédé à des inculpations dans le dossier « ne signifie certainement pas que personne de son entourage n’a contribué à aider Prince à obtenir la Vicodin contrefaite, a expliqué Mark Metz. Mais les soupçons et les rumeurs sont totalement insuffisants pour justifier des inculpations. »

Selon les CDC, la hausse des overdoses d’opiacés serait, « pour l’essentiel », due au fentanyl de contrebande, élaboré dans des laboratoires clandestins. Sa popularité est telle que les cartels de la drogue mexicains ont pris d’assaut le marché américain.

Des documents publiés la semaine dernière par la justice américaine accusent notamment Joaquin Guzman, alias « El Chapo », et le cartel de Sinaloa de s’être attelés au trafic de fentanyl ces dernières années.

Si elle ne s’engagera pas sur le terrain pénal, la saga Prince se poursuit au civil dans le cadre de sa succession, qui n’est toujours pas liquidée, plus de deux ans après sa mort. Sa fortune est estimée entre 100 et 300 millions de dollars.

Qu’est-ce que le fentanyl, médicament qui tue plus que l’héroïne aux Etats-Unis ?
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