• Dimitri Chostakovitch
    Quintette pour piano. Quatuor à cordes n° 3

    Piotr Anderszewski (piano), Quatuor Belcea

Pochette de l’album « Quintette pour piano. Quatuor à cordes n° 3 », compositions de Dimitri Chostakovitch, par Piotr Anderszewski (piano) et le Quatuor Belcea. / ALPHA CLASSICS/OUTHERE MUSIC

Adepte de la distorsion des repères, Dimitri Chostakovitch (1906-1975) est aujourd’hui souvent cité en modèle par les jeunes compositeurs qui se détournent des voies novatrices. Sa musique a, en effet, de quoi fasciner lorsqu’elle parvient à s’inscrire hors du temps avec la maestria du Quintette pour piano (1940). Chaque registre expressif y est investi jusqu’à la saturation. A l’instar de cette fugue qui répand la désolation de manière inéluctable. Une démonstration du fataliste « c’était écrit », que le Quatuor Belcea (cordes sensibles, archets incisifs) et Piotr Anderszweski (piano doté d’un poids de balancier et d’une mouvance de sonde) réalisent à la perfection, tout comme le parcours de cette partition qui se referme sur un sourire aussi mystérieux que celui de La Joconde. Plus imagé, le Quatuor n° 3 (1946) évoque la fantasmagorie d’un Jérôme Bosch qui aurait connu la seconde guerre mondiale. Pierre Gervasoni

1 CD Alpha Classics/Outhere Music.

  • Ellinoa
    Wanderlust

Pochette de l’album « Wanderlust », d’Ellinoa. / MUSIC BOX/INOUÏE DISTRIBUTION

Chanteuse et compositrice, Ellinoa a choisi huit mots de différentes langues (japonais, inuit, anglais…), en titres d’autant de pièces instrumentales dans son premier album Wanderlust. Des mots inspirations à ses superbes compositions, comme une alliance du jazz et de la musique de chambre, interprétées par le Wanderlust Orchestra. La nature et l’amour en sont deux des thèmes principaux. Une promenade en forêt avec Waldeinsamkeit, le reflet de la lune sur l’eau dans Mangata, l’impatience en attente de la venue de quelqu’un qu’évoque le tourbillonnant Iktsuarpok… Déliée, précise, envoûtante, la voix d’Ellinoa est, dans ses chansons sans paroles, l’un des instruments de la formation, qui comprend un quartette à cordes, une petite section de vents (flûte, hautbois, saxophones, trombone) et une section rythmique toute de fluidité et légèreté swing. Quatre interludes, variations sur un motif mélodique, complètent ce remarquable premier album, qui révèle une grande qualité d’écriture autant que d’exécution. Sylvain Siclier

1 CD Music Box/Inouïe Distribution. www.wanderlustorchestra.net

  • Cheikh Lô
    Né la Thiass

Pochette de l’album « Né la Thiass », de Cheikh Lô. / WOLD CIRCUIT/PIAS

Réédité à partir des masters de la cassette originale parue en 1995, cet enregistrement de Cheikh Lô, sorti l’année suivante en CD pour le marché international, révélait une voix sénégalaise remarquable, une vision feutrée et aérée du mbalax, le rythme emblématique du Sénégal que Youssou N’Dour a propulsé à travers le monde. La star sénégalaise avait produit ce premier album de Cheikh Lô dans ses studios Xippi à Dakar. Il y avait prêté sa voix et permis la reprise de l’un de ses plus grands succès, Set, dont Cheikh Lô s’est emparé avec maestria. Les compositions du jeune chanteur, créées avec l’arrangeur et guitariste Omar Sow, dans lesquelles dansent les tambours sabar et tama du Sénégal, résonnent d’influences latines. Une veine dans laquelle il poursuivra dans ses enregistrements suivants, reprenant notamment El Carretero, une guajira du chanteur et guitariste cubain Guillermo Portabales. Patrick Labesse

1 disque vinyle World Circuit/PIAS (parution pour le Disquaire Day, le CD suivra le 11 mai).

  • Michael Barenboim
    6 Capricci, de Sciarrino. Sonate pour violon en sol mineur « Les Trilles du Diable », de Tartini. Sequenza VIII, de Berio. Caprices op. 1 n° 1, 2, 3, 4, 5 et 6, de Paganini
    Michael Barenboim (violon)

Pochette de l’album de Michael Barenboim consacré à Sciarrino, Tartini, Berio et Paganini. / ACCENTUS

Comme son premier album en 2017 (Bach, Bartok, Boulez), le violoniste Michael Barenboim consacre son second disque au répertoire pour violon seul. Un exercice exigeant de la musique digne de son père, Daniel Barenboim, dont il est le rejeton très doué. On ne savait pas le répertoire italien si naturellement sensuel sous les doigts du jeune musicien, qui mêle avec une manière d’élégante évidence partitions contemporaines et répertoire virtuose, entre expressivité et exubérance, rigueur et précision. Il faut entendre avec quelle maîtrise d’archet et inventivité sonore le violoniste rend les diaprures quasi immatérielles de Sciarrino, préparant en quelque sorte la fantastique injonction des fameux Trilles du Diable de Tartini débarrassés ici de la morgue léguée par le violon de Fritz Kreisler. Souplesse, fantaisie et technique superlative rivalisent dans la terrible Sequenza de Berio, hommage à la célèbre Chaconne de Bach. Six Caprices de Paganini poussés aux limites termineront en miroir du début ce programme qui révèle en Michael Barenboim un musicien d’exception. Bon sang ne saurait effectivement mentir. Marie-Aude Roux

1 CD Accentus.